Hier soir. Me sentir bien. Rouler un joint. Ecouter Giorgio Gaber sur le balcon. Paroles originales en main. Goûter le vent chaud. Ne plus écouter. Penser à l’Italie. Et penser… Sourire. Allumer le cône.
Ce matin. Me réveiller. Me lever. M’étirer. Boire une gorgée d’eau. Sortir le Lavazza, préparer la moka. Dire bonjour au chat. Constater qu’il fait toujours beau. Sortir à moitié éveillé. Passer par le marché. Sourire aux vraies gens*. Aller chercher La Repubblica. Ne pas la lire vraiment dans la file des croissants. Rentrer. Couper la messe, brancher Classic 21 pour la spéciale Rolling Stones.
Se dire qu’on a suffisament démontré son cynisme que pour pouvoir écrire ça de temps en temps.
Sont marrants les jeunes socialistes. Mais un peu bêtes. Et très carnassiers. En fait, ils ne sont finalement pas si amusants que ça.
Hier soir, passablement éméché, je me retrouve avec quelques camarades, des authentiques ceux-là, à une soirée organisée par trois jeunes candidats socialistes au Sénat. On dira que j’y suis allé à l’insu de mon plein gré et que quelques vagues promesses de tournées générales et autres m’ont fait atterrir à cet endroit (et heureusement : chez les JS on boit… de la Heineken et elle est à trois euros).
Joints et bières aidant, je commence à discuter avec un de ces ambitieux jeunes requins et me présente très sérieusement comme indépendant vendeur et fabriquant de peintures biologiques. Me demandez pas pourquoi, c’est venu tout seul.
Jeune socialiste : “Et tu vends ça à qui ?
Moi : – Ben y a plein de bobos qui aiment bien ça, ce sont des pigments naturels, y a pas de plomb dedans. Ca marche très bien.
– …
– Et ma situation n’est pas facile. Je travaille tout le temps et j’ai un salarié mi-temps. ‘fin mi-temps. Un mi temps déclaré et un autre mi-temps en black, quoi. Ben oui, j’ai beaucoup trop de charges, ça coûte super cher. Moi je peux pas me permettre, hein. Il fait quoi le PS pour ça ? Parce que Didier Reynders, lui, il a promis des réductions de charges. Et je pense que je vais voter MR.
– Ah mais nous aussi, on fait des réductions de charges. Et tu vois, le MR il te défend pas vraiment.
– Ah il défend pas les patrons le MR ?
– Si mais juste les gros. Les gros patrons. Tu ne vas rien y gagner en votant pout lui. Nous on s’occupe des petits. Et d’ailleurs, si tu est un petit indépendant tu as 5 ans sans charges (sic*) patronales par employé.
– Quoi 5 ans ? Et pas d’ONSS à payer, rien du tout ?
– Non, non, rien. Et après cinq ans, tu engages un deuxième salarié et tu as de nouveau 5 ans sans charges.
– 10 ans ?? Ah ça c’est vraiment génial.
– Oui hein! Eh bien tu retiens bien mon nom, je m’appelle Az-Dine Aouragh, je suis candidat au Sénat.”Et de me tendre sa petite carte.
J’ai vérifié dans le programme du PS : tout ce qu’on y trouve c’est une exemption de cotisations sociales patronales pour deux employés pendant 5 ans mais uniquement dans le cadre de la création d’une nouvelle entreprise. C’est l’idée de Bayrou. Rien à voir avec le baratin qu’on ma servi plus haut. A la limite, Az-Dine Aouragh me suggère involontairement de me foutre en faillite virtuelle après cinq ans pour relancer le droit à l’exemption de cotisations.
Le prochain que je croise, me dis-je aujourd’hui, je me présenterai à lui comme un jeune entrepreneur en construction, obligé d’engager 8 ouvriers totalement en noir. Je voudrais bien régulariser ma situation parce que tous mes amis disent que je suis un négrier de la construction mais c’est pas vrai. Je les paye bien mes sans papiers, moi. Et puis j’ai pas le choix.
<EDIT>* Charge étant d’un poids difficilement supportable, ce terme idéologique n’a pas d’existence légale. On emploiera de préférence, mais le PS ne le comprend pas toujours, ni Ecolo d’ailleurs, le terme officiel cotisation (sociale) patronale </EDIT>
Bien entendu, la photo présidentielle de M. Nicolas Sarkozy (je n’arrive pas à adopter la charte rédactionnelle du Monde Diplomatique, rien à faire), de Sarko facho donc, a été remaniée. Et bien entendu elle doit passer un certain type de message.
Commentaires audio d’un photographe professionnel, Olivier Roller, sur cette photo bientôt visible dans toutes les mairies de France et les 59 résidences secondaires de Didier Reyders.
Il y a d’abord les débats vraiment faux, qu’on reconnaît tout de suite comme tels. Quand vous voyez, à la télévision, Alain Minc et Attali, Alain Minc et Sorman, Ferry et Finkielkraut, Julliard et Imbert…, ce sont des compères. (Aux États-Unis, il y a des gens qui gagnent leur vie en allant de fac en fac faire des duos de ce type…). Ce sont des gens qui se connaissent, qui déjeunent ensemble, qui dînent ensemble.
On peut parler, plus particulièrement concernant la télévision et surtout le JT, d’une langue-écran, d’une langue qui tend à occulter plutôt qu’à donner à voir ; en somme : qui tend à imposer un regard.
[Citant Charlie Hebdo]« Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : l’islamisme. »
(…)Il en manque pas mal, des « ismes », dans cette liste : colonialisme, impérialisme, racisme, libéralisme… Autant de notions qui, à une époque, avaient pourtant droit de cité dans les colonnes de Charlie.
Je suis paresseux ce soir, donc je n’écris pas plus. Mais allez vraiment jeter un coup d’oeil.
Merci à ‘oise et à Un Homme pour la transmission (in-)directe de l’info
Iggy Pop qui soutient une bonne oeuvre : la Children’s Society, financée par l’Ecclesiestical Insurance. Il semble que le Real Wild Child se soit converti. Et ça ne me fait pas rire. Déjà que Lou Reed se lance dans une tournée très onéreuse (pour le public, pas pour lui), autocommémorative de surcroît; que les Smashing Pumpkins** ne cessent d’entretenir la flamme du revival à coups de buzz publicitaires et de pseudo retours, c’est à dire sans d’Arcy et James Iha (grosso modo on comprendra que Billy Corgan a mené bataille pour garder le nom du groupe); qu’un membre des Bérurier Noir admet avoir voté Chevènement; et que si je parle de Renaud… euh… ben non. Mieux vaut arrêter la liste et être soulagé de me contrefoutre de Bob Dylan et d’adorer George Clinton, cet éternel fauché du funk.
Mais Iggy Pop c’est une partie de ma jeunesse, c’est l’artiste pas corrompu, c’est l’incarnation de la sauvagerie et de la révolte. Qu’est-ce qu’il a besoin de prendre un coup de vieux et de penser aux générations futures? Oui, bon d’accord, il EST vieux. Mais bon quand même. A quoi ça servait d’écrire I need more, si c’est pour que je pense à présent à y accoler money ***?
* J’avais plein de titres en tête, je me suis résolu à n’en choisir que deux, finalement
*** Chaudement recommandé ce livre (je peux le prêter, faut pas que l’Iguane gagne de l’argent ça ne lui convient pas).
Mais tout n’est pas perdu , puisque le conseil musical de ce billet, ce sont les Black Rebel Motorcycle Club (dont le nom trouve son origine dans The Wild One avec Marlon Brando). De vrais rockers, ceux-là.
Evidemment le morceau choisi c’est Whatever happened to my rock’n’roll ?
Petite sortie pour un moment que j’espère grand. Guéric, Oise et moi constituons un trio festif inédit pour cette Nuits Botanique du 10 mai où “les femmes s’en mêlent”. Ce soir, Charline Rose, Lisa Germano et Anaïs donnent un double “la”, déterminant et musical.
Le temps de louper Charline Rose (que Jean-Pierre Hautier aime beaucoup ce qui me fait penser que je n’ai peut-être pas manqué grand’chose), et nous voilà dans la salle de l’Orangerie, à l’instant où commence Lisa Germano. A la différence de sa prestation à la Rotonde au mois de décembre, elle est cette fois acccompagnée d’un bassiste dont l’utilité dans un set minimaliste restait à prouver. Elle le sera avec brio, particulièrement quand Lisa Germano délaissera le piano pour sa vieille guitare cabossée.
Le public par contre, il est moins certain qu’il fut utile. Gênant même. Toujours ce problème des festivals où la moitié de l’assistance n’en a que pour la tête d’affiche. Du coup, Guéric d’auditeur averti est devenu audiophile irrité et tel le cinéphile au Musée a hurlé un chhhhhhhhht suivi des “m’enfin, c’est pas possible” (bien insister sur le “i”, laisser tomber le “L” ).
(Pause : une mousse avec bière plus tard)
Anaïs commence son set. Et nous sommes visiblement les trois seules personnes à avoir quitté la salle, tandis que 300 autres s’y sont engouffrées entretemps. La foule est compacte et peu sympathique. Se frayer un passage tient de l’exploit, les couples enlacés ne se détachent pas, feignent ne pas nous voir, jouent les excédés, le sont réellement. Recherchent l’hypothétique petite croix sur le sol indiquant leur “place debout” numérotée. Ne la trouvent pas. Signifient à Guéric qu’il doit dire pardon chaque fois qu’il avance un pied.
Un refuge est enfin trouvé à gauche de la zone neutre où travaille l’ingé son. Impossible de s’accouder trente secondes aux barrières Nadar : les “je ne vois plus rien” des copines ponctués des “pfffffff” des copains sont autant de manières indirectes de nous suggérer de foutre le camp. Arrêt définitif cinq mètres plus loin, après un ultime parcours du combattant. Et je peux voir…
… la scène, un grand guitariste, un batteur dans le fond, Anaïs à l’acoustique et à la boîte à loops. Deux écrans pas géants transmettent l’image d’une traductrice en langue des signes qui, on l’imagine, convertit ce qui est raconté par le guitariste entre deux morceaux, soit les tracas existentiels d’une collégienne américaine. Du moins de ce que j’en comprends et de ce qu’on m’en explique. Ma tête est rapidement ailleurs : la salle n’est pas réceptive aux déhanchements et chabadabada corporels qu’on appelle la danse. Je suis droit comme un “I”et j’ai l’impression que si je bouge de trois centimètres, ça va finir en engueulade avec la “dame” juste derrière moi qui n’a de cesse de soupirer et est sans doute à l’origine d’un peu amène coup de coude; Oise qui esquissait un mouvement a été aussitôt remise à sa place. Persistant à marmonner, ruminer et gargouiller je propose à la désormais mégère de passer devant moi si elle ne voit rien.
Mais non, c’est vous qui vous imposez. Je veux rester près de mon mari, moi.
C’est donc ça !!!. Des maris, des épouses, des “mon coeur, mon amour” ! Je ne vois plus que ça. Les messieurs ont le cheveu bien taillé, le poil de barbe rasé si soigneusement qu’on les croirait imberbes, leur nez supporte de petites lunettes de matheux. Leur rock’n’roll attitude s’exprime par une chemise à carreaux parfaitement repassée qu’ils auront eu soin, toutefois, de négligement fait sortir du jean. Toujours accompagnée, Madame allie tendresse et fierté dans les bras de cet époux à l’uniforme casual,adapté à toutes les situations. Elle arbore un sage carré en guise de coiffure tandis qu’un petit pull noué autour de son cou recouvre partiellement un pudique chemisier blanc à la coupe indéfinissable. Et ce genre de machins, dans une salle, ça ne bouge pas. Ca ne danse pas. Ca ne vit pas. Poliment, on évoquera un public statique (et cela va de soi, sans électricité). Honnêtement, on parlera de public de merde. Pourtant, ils connaissent parfaitement l’album ces petits couples. Ils apprécient le deuxième degré, savent exactement quand rire, mais pas du tout pourquoi. Alors même qu’ils se moquent de leur propre miroir.
Bref Anaïs, oui, mais uniquement au Graspop : elle aussi a droit à un public de qualité.
Conseil musical : Lisa Germano avec If I Think Of Love
Je devais publier quelques notes que j’ai bien entendu oubliées au boulot. Notamment sur la soirée les femmes s’en mêlent au Botanique le 10 mai.
A défaut, je vous fais donc (ré-)écouter Peter Licht, déjà évoqué dans un précédent post. Je ne m’en lasse pas et je ne sais pas trop pourquoi. Sans doute que c’est beau, cette pop allemande désillusionnée dont je ne comprends qu’à peine les paroles.
dans l’ordre : Das Absolute Glück; Das Ende vom Kapitalismus; Elektroreise; die transsylvanische Verwandte ist da; Wettentspannen
4 mois, 5 jours et 20 heures sans clope. Et pourtant, quand je veux allumer la gazinière, je farfouille encore dans ma poche à la recherche d’un briquet. Grrrrrrrrr
Conseil musical : eh bien ce sera les Béru avec Le Renard. Trop besoin de résistance avec l’élection du facho