Lisez le JIM : www.lejim.info

Bonjour à tous,

Ce blog est désormais suspendu (si ce n’est pour montrer mes photos de valeureux cycliste). Mes activités rédactionnelles m’ont en effet amené à participer pleinement à un projet de journal alternatif : le JIM, pour Journal Indépendant et Militant.

Vous pouvez le lire ici, et bien entendu donner votre avis sur cette nouvelle démarche.

Qui a dit ?

A l’heure de la fermeture de tous les bureaux de vote, voici donc la réponse au dernier Qui a  dit?

Il ne s’agissait pas, eh non!, de Julien Lahaut mais bien d’Emile Vandervelde, ancien dirigeant du Parti Ouvrier Belge qui déclaré lors d’un discours prononcé en 1922 aux “Conférences de la vie Socialiste” ((“Les prophéties de Karl Marx”, in Emile Vandervelde, Réalisations Socialistes. Notre action d’après-guerre, Bruxelles, L’Eglantine éditeur, 1923))que :

(…) dans l’hypothèse même où, par la seule vertu du suffrage universel, la classe ouvrière arriverait au pouvoir, se trouverait-il, dans les conjonctures actuelles, quelqu’un pour n’avoir pas les doutes les plus graves sur l’efficacité de l’action parlementaire et la possibilité d’une transition pacifique entre le capitalisme et le socialisme .

.

Un peu plus loin, Vandervelde notera aussi que tôt ou tard, et d’abord dans les pays les plus obérés, les gouvernants se trouveront devant ce dilemme: aller à la banqueroute ou rembourser leurs dettes par un prélèvemennt successoral ou viager sur le capital.

On remarquera qu’il s’est planté 🙂 : la Belgique s’est endettée (le gouvernement a carrément refinancé le capital bancaire), et le plan d’austérité sera à charge des travailleurs, pas des rentiers. A moins de se battre pour inverser la donne.

Pour me faire pardonner l’absence de conseil musical dans les Qui a dit ?, voici, en rafale :

– un sketch de Miam Monster Miam, de retour avec un bon rap serésien bien gras

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miam-2009-06-06.mp3]

– un petit billet de Gilles Dal relatif aux discours de campagnes électorale.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dal-2009-06-06.mp3].

Ces deux séquences ont été enregistrées pour la Semaine Infernale du 6 juin et sont encore encore baladodiffusables 🙂 via le site de La Première radio

et un vrai conseil musical avec Miss Kittin & The Hacker et leur électro sombre et un minimum engagée. The Womb est la première piste de l’album Two. Très intéressant de remarquer le jeu de mots où “womb” signifie “matrice, utérus” mais pourrait aussi être la contraction de “woman” et “bomb”.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miss-kittin_the-womb.mp3]

Allez, je vous en mets un deuxième en prime : Indulgence

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miss-kittin_indulgence.mp3]

Qui a dit ?

Réponse du précédent “Qui a dit”

C’est donc l’auteur d’une carte blanche dans L’Echo, qui a écrit que L’ acte [de séquestration des dirigeants d’entreprise] fait bouger les choses dans un conflit qui s’enlise.

L’auteur, Emmanuel Goedseels travaille au cabinet de “gestion de crise” ((Officiellement, un cabinet qui se décrit comme : Whyte Corporate Affairs NV/SA is a Belgian, independent corporate affairs company. We deliver corporate communications and public affairs advice and support, with a specific expertise in crisis communication and issue management.
Whyte is a young, dynamic company. It is the product of refreshing entrepreneurship, built on solid foundations:

seasoned consultants with a strong reputation

a proven track record

a highly complementary team, consisting of Dutch and French speaking consultants

a diverse client portfolio

a vast network of reputable partners and contacts

a clear vision on how to manage our clients’ stakeholders, issues and crises in support of their reputation, interests and business objectives.)) Whyte, lequel a une ligne de crise joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Si vous avez mal au foie, ils donnent les coordonnées des pharmaciens de garde. Si vous êtes retenus par les travailleurs, pas contents d’être en passe de licenciement, ils envoient Monsieur Sylvestre 🙂 ? Pour suivre, allez, donc lire leur dernière communication relative à une enquête sur le lobbying d’entreprise auprès des parlementaires régionaux (en pdf).
En attendant un prochain un billet, voici d’ores et déjà un deuxième “Qui a dit ? ”

Qui a dit :

La lutte des classes est une forme de racisme

– Benoît Cerexhe, CDH, ministre régional bruxellois de l’emploi

– Marion Lesmere, MR, députée régionale bruxelloise

– Grégor Chapelle, PS, échevin du travail à Forest et 17è candidat sur la liste PS au Parlement bruxellois.

– Philippe Defeyt, Ecolo, Président du CPAS de Namur.

ychodrame

Cela fait un moment que je m’interroge sur le pourquoi de la future claque (( Je ne me base que sur des sondages. C’est sauf bouleversement, donc. Et intuitivement, vu l’ancrage du PS dans les têtes, la chute ne sera peut-être pas aussi sévère qu’annoncée)) que le PS va recevoir en pleine figure le 7 juin.

Voici donc quelques réflexions subjectives, non référencées ((Parce que je n’avais pas envie, cette fois, d’éplucher 35 articles du PPA qui n’apporteraient rien de neuf ou de rechercher mes sources de sociologie politique un peu moins dominantes que celles du CEVIPOL)), et donc évidemment critiquables et ouvertes à débat.

Tout part d’un passage de Philippe Moureaux à l’émission Matin Première / Questions publiques, le 12 mai, peu de jours après “l’affaire” Donfut.
Vous pouvez réécouter le tout ici :

Matin Première [dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/moureaux_mp-2009-05-12.mp3]

Questions publiques [dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/moureaux_qp-2009-05-12.mp3]

Durant Questions Publiques, ce seront les mêmes incessantes questions d’auditeurs. Beaucoup traitent de l’éthique en politique et l’on y entend un très net dégoût du PS, mêlé de rancœur profonde. Corruption, magouilles, clientélisme reviennent et reviennent. C’est que le “cas” Donfut en est le point d’orgue. Depuis l’assassinat d’André Cools, le PS accumule les casseroles. Agusta, Dassault, Inusop, Smap, Carolo, cartes essences à Namur, affaire Vienne, affaireS Lizin, mission en Californie ((Dans son ensemble, le pilier “socialiste” est également touché, bien que plus discrètement : SETCa Anvers, SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde, “doubles salaires” aux Mutualités socialistes)). S’ajoutent à cela les personnalités et gaffes de certains mandataires : Laloux, Daerden père et fils, Mathot fils, Happart frères, Thielemans, Van Cauwenberghe père et fils. Le profil d’un PS ventripotent, oligarque, dynastique et affairiste est complet. Quand bien même des “gaffes” seraient des non-événements pour journalistes de garde au mois de juillet, quand bien même des affaires se dégonfleraient, l’effervescence médiatique liée aux révélations restent dans les têtes. Pas l’entrefilet de démenti en 5è page.

Bien entendu, les affaires touchent aussi tous les autres partis “traditionnels”, à l’exception provisoire d’Ecolo (parce qu’ayant participé à peu de majorités, avec moins de baronnies, et historiquement soucieux de l’éthique). Et chacun de citer Chastel, Detremmerie, Ducarme, Fournaux.

Pourquoi cet acharnement éthique contre un PS en fin de vie?

1. Incarnée par Elio Di Rupo, la “révolution” éthique tant promise ne semble pas venir. En fait, elle est en cours. On place des Magnette ou des Demotte, aseptisés et technocrates, pour promouvoir les nouvelles “valeurs”, le renouvellement, la refondation, le nouveau visage, les nouvelles lunettes design, le nouveau truc. ON s’inquiète des intercommunales, on complète sa déclaration de mandats, etc. Bref, le grand nettoyage se fait quitte à tirer un peu sur la corde pour éliminer unennemi politique.

Mais sitôt soulevé le tapis où l’on avait pris soin d’y cacher soigneusement la poussière accumulée, celle-ci s’est envolée et éparpillée partout, se révélant au grand jour. Découragé, on laisse donc retomber la poussière jusqu’à ce que les petits bras agités d’un journaliste ne la refassent s’envoler.

2. Ensuite, chaque rédaction, du grand chef au jouraliste stagiaire, en passant par le pigiste, a bien intégré qu’il est plus facile de trouver des problèmes éthiques au PS plutôt qu’à Ecolo, à Charleroi plutôt qu’à Uccle ((où l’on en trouve pourtant de beaux aussi sur l’organisation de joggings communaux)).

3. Tertio, l’on peut rester songeur à l’idée que nombre de communes wallonnes font ou faisaient analyser leurs comptes par la société de révisorat DC&Co, jadis propriété de Michel Daerden.

4. Enfin, expliquant aussi pourquoi les améliorations passent inaperçues, la population est sans cesse plus exigeante vis-à-vis de l’éthique. On doit s’interroger très sérieusement  sur cette nouvelle motivation politique à l’encontre du PS.

Pourquoi l’éthique ne dérange personne ?

L’éthique, c’est avant tout un débat facile. On mélange tout : corruption active et passive, clientélisme, détournements de fonds (à des fins personnelles ou pas), ou des lois ou des deux, comportements immoraux mais dans le cadre légal, le tout donnant un beau paquet de merde que l’on dénonce en bloc.

Et ce d’autant plus facilement que tout le monde, sans exception, condamne ces actes.

1. Les autres formations politiques parce qu’elles peuvent se targuer d’être un peu plus proches de l’irréprochable que ne l’est le PS.

2. Les médias dominants, parce qu’ils peuvent affirmer leur “travail d’investigation”, leur “indépendance”  et leur rôle de “quatrième pouvoir” à peu de frais. Qu’ils peuvent éditorialiser en faisant feintant se positionner. Tout cela est plus facile à traiter que l’évolution du rapport capital/travail en faveur de ce premier ou les écarts de richesse chaque année grandissants ((Point d’analyse politique, ici : je parle juste de données économiques fondamentales pour comprendre la société et qui ne sont quasi jamais mises en avant)).

3. Le peuple ((Oui appelons-le comme ça)), enfin, en particulier les futurs anciens électeurs PS, voire une partie de sa base.
Depuis vingt ans, il est écrasé par un discours qu’il est difficile de confronter à la réalité ((entre autres parce que la réalité n’est plus décrite telle qu’elle est, entre autres parce qu’on la complique aussi inutilement : on parle de complexité, de multitudes, on désincarne la décision pour la mettre aux mains d’un marché, d’une Union Européenne ou d’une mondialisation)), l’arme fatale en cas de doute dans l’isoloir.

Pourquoi le PS dérange tout le monde ou à peu près…

C’est le fameux : sans le PS, ce serait pire. La Sécu serait pire, le chômage serait pire, la droite serait pire, la privatisation serait pire, la crise serait pire.

Or, ça fait vingt ans que la Sécu se fait flinguer (on dit “redresser”), dix ans qu’on fait des cadeaux (on dit “soutien”) aux entreprises sans exiger de contrepartie en matière d’emploi ((voir par exemple ici. Et je ne vous parle pas de la date du premier cadeau “conditionné”)), dix ans qu’une amnistie fiscale (pensez: encouragement à la fraude) a été instaurée, vingt ans que les contrats de merde : Maribel, Maribel sociaux, ACS, contractuels dans la fonction publique, Rosetta, intérims, CDD successifs, article 60, titres-services, PFI, Activa, SINE, APE, APE jeunes. Vingt ans, donc, que ces “contrats” détruisent tout statut et toute sécurité financière. Trente ans que le taux de chômage ne diminue pas réellement, sauf quand on bousille le thermomètre en ne comptant pas les plus de cinquante ans, les “en formation”, les “en stage d’attente”, les qui ne sont pas “complets indemnisés”. Vingt-cinq ans que les écarts de revenus entre riches et pauvres s’accroissent, que l’argent se déplace de la sueur des travailleurs vers le capital des rentiers. Plus de quinze ans qu’on “consolide” et qu’on “adapte au Marché européen”, aux “normes internationales”, qu’on augmente notre “compétitivité” (pensez : qu’on privatise).

Et vingt ans que le PS est au pouvoir. Que sans lui… ce serait pire.

Quoi !!!?

Sans le PS, il y aurait dix mille chômeurs de plus ? On aurait “moins bien” privatisé ? Contrôlé 2500 chômeurs supplémentaires ? Fermé 300 autres entreprises ? Les salaires auraient été moins élevés ? On entre dans l’hypothétique, dans l’inargumentable. Avec des “Si” on mettrait le capitalisme en bouteille et le PS comme bouchon.

Durant vingt ans, le PS a refusé la critique et la remise en question ((Y compris vis-à-vis de sa base qui attend toujours le congrès tant promis d’évaluation de participation au gouvernement fédéral en 2007)). Un exemple récent ? Le silence radio total suite à la grève de trois jours contre la privatisation de la Poste. Mais faut-il entretenir beaucoup d’espoirs à l’égard d’un parti devenu défenseur des plus riches ?

Sans l’éthique ce serait pire ?

Face à cette fin de non-recevoir, la critique générale s’est donc transformée, de même que les personnes porteuses de cette critique. Sous les assauts des discours social-économistes de marché (lisez : capitalistes) alors même qu’ils proviennent des élus et d’un parti  historiquement ((mais seulement historiquement)) choisi pour le combattre ((et est encore identifiés comme tel par nombre d’électeurs)), la critique a plié. Mais pas cédé.

Parce que le capitalisme NE PEUT PAS rendre heureux les centaines de milliers de chômeurs en Belgique, les centaines de millions dans le monde. Ni le million et demi de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en Belgique, le milliard quatre-cents millions dans le monde. Ni les travailleurs pressurés, harcelés, licenciés, suicidés. Le capitalisme tue… Et je ne parle encore que d’économie; pas de mal-être, de dépréciation de soi et des autres, d’éducation et d’enseignement, de culture.

Mais parce qu’il n’est pas impossible ou interdit mais “archaïque”, “désuet”, “dépassé”, “hors sujet” d’évoquer le capitalisme, la critique a suivi les vents dominants. Parce que le PS a gagné ((…il n’a pas gagné tout seul, bien entendu)) sur le point fondamental qu’est la transformation de la réalité où toute opposition au capitalisme n’a désormais plus de sens, il se fait attaquer d’une autre manière, qu’il est bien incapable de contrôler : l’éthique.

Pour autant, la défaite du PS aux élections ne générera pas Le Grand Soir (je vous renvoie ici à l’article, que je partage en grande partie, de Un Homme).

Bien au contraire, dénier la nécessité de transformer radicalement la société au profit d’une éthique pis-aller est dangereux. Pendant que l’on songe aux 13.000 euros mensuels de Didier Donfut, on oublie les trente milliards ((soit près de 200.000  fois le salaire annuel de Didier Donfut)) de fraude fiscale annuels ((http://www.lesoir.be/actualite/economie/la-fraude-fiscale-coute-30-2008-01-31-574684.shtml)), on oublie les intérêts notionnels. On oublie, tout simplement, l’exploitation constante et quotidienne.

Conseil de lecture : La Guerre Des Classes par François RUFIN, Fayard, 2008.

NB : encore plein de fautes de frappe, de raccourcis, etc.

Images fasci – N/S – antes

Je sais pas vous, mais moi je la trouve bizarre cette publicité en faveur de la journée propreté. Bon, la journée propreté c’est encore une initiative positive ((http://www.lesoir.be/regions/bruxelles/donner-un-coupde-balai-en-2009-03-11-695131.shtmlou)), dixit Karine Lalieux ((Dont on constatera la ferme et résolue idéologie politique ici : http://www.karinelalieux.be/Elections-regionales-2009-pourquoi-je-suis-candidate_a525.html. Allez, cela vaut bien ce genre de discours généré automatiquement : http://g.langue.de.bois.free.fr/politique/discours.php)), échevine de la propreté à Bruxelles,  où chacun fait un petit geste pour la propreté (chacun ramasse une action Fortis et la met dans un petit sac, par exemple).

Et puis, il y a aussi un concept… d’ambassadeur de la propreté. J’imagine déjà la motocrotte avec chauffeur, au parebrise teinté et munie de ses deux petits fanions aux couleurs du pays de son VRP.

Mais ce qui m’a choqué,  c’est l’aspect facho de la pub. Vous avez déjà vu des balais pointés vers le haut, vous ?

Moi oui, mais pas pour nettoyer les crasses. Plutôt pour karchériser la racaille façon Sarkozy. Bref, moi ça me rappelle furieusement les fachos. Particulièrement Degrelle ((voir ici, par exemple : http://www.rtbf.be/info/societe/divers/rex-et-le-rexisme-3-la-victoire-de-1936-84162)). Et le Vlaams Blok ((Pour une référence à l’usage du balai par le Vlaams Blok : http://www.monde-diplomatique.fr/1995/05/CARLANDER/1444)).

C’est également une scène terriblement anonyme : la personne tenant  (fermement) sa brosse est coupée à hauteur du visage. Aucun élément ne personnalise donc la scène. On aurait une personne clairement identifiée, avec un “petit noir” 🙂 derrière que je n’aurais jamais réagi et écrit ce billet.

Par contre, extrême-droite et anonymat ont toujours fait bon… ménage. Chaque peureux, chaque renfrogné, électeur potentiel, peut se retrouver dans cette envie de donner un grand, très grand ((à l’image de l’affiche trimbalée par camion publicitaire : c’était un beau 20m2)), coup de balai, d’avoir enfin le courage de… mais n’est pas obligé de réaliser la scène lui-même, il doit juste la fantasmer comme un avenir possible et proche et, lui l’anonyme, voter facho pour qu’un grand leader lui donne le pouvoir d’oeuvrer au nettoyage tant rêvé (me suis-je fait comprendre ou pas ?).

Aaah l’iconographie d’extrême-droite au service du nettoyage. Ou la volonté d’efficacité publicitaire au service du fascisme ?

PS : à noter encore :  la personne qui tient le balai… est très probablement une femme (hanches, naissance des seins, etc.).

Conseil musical : Les sambassadeurs, Serge Gainsbourg
[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/sambassadeurs.mp3]

La puce à l’orteil

(Oui, oui je sais, je n’ai plus rien écrit depuis plusieurs mois)

Je tentais de distiller il y a quelque temps de cela mon bonheur de courir, de la dose d’endorphine ainsi générée, de la pensée vagabonde, de la sensation de ne pas devoir s’arrêter.

Désireux de retrouver ces menus plaisirs et armé de ma volonté de reprendre le sport sérieusement, j’ai pour la première fois depuis 10 ans couru un beau 10km le long du canal Bruxelles-Charleroi. C’est que le fumeur que je suis redevenu a hâte de retrouver la forme ((et il faut aussi que j’arrête rapidement de cloper)). Mais l’objectif est encore loin d’être réalisé; il ne l’est qu’à 50%, en fait. C’est que je fais partie des quelque 25.000 inscrits aux 20 kilomètres de Bruxelles.

Machine bien huilée (autant qu’un bon vélo de course), les 20 km de Bruxelles bénéficient de dispendieux sponsors : Spa, Mars, mais aussi la banque KBC, l’équipementier Nike, le pétrolier Total, le Ministère de la défense (m’enfin ils vont organiser un ballet aérien à coups de kérozène au-dessus de nos poumons). Et pis il y a la Commission européenne ((pour le vélo on se contente du sponsoring de la Loterie nationale et les pires sont Chiquita et la Dernière Heure)). Et ils ont fait dans le grandiloquent. Chacun des 25.000 participants a en effet reçu une puce électronique à fixer à la chaussure pour comptabiliser son temps automatiquement. Et ladite puce est frappée du logo de la Commission européenne, surmonté d’une petite phrase, toute bête, mais qui me fait gerber : 20 years fall Berlin Wall. C’est que ce libéral de Barroso compte bien mettre à profit 2009 pour célébrer la chute du Mur de Berlin.
C’est à se demander si on voulait vraiment son écroulement, au vu des conséquences du capitalisme. Allez, un exemple. Un autre mur, invisible, a été créé petit à petit par les états membres de l’Union européenne. Et là c’est pour empêcher les gens d’entrer, pas de sortir. Si le Mur de Berlin, aurait fait 1135 morts directs au maximum, ce sont pas moins de 13.767 candidats à l’immigration qui sont morts devant les murailles européennes faites de contrôle de sable du Sahara et d’eau méditerranéenne. Et cela entre 1988 et 2007. Le mur de Berlin a tenu 28 ans. Et la Forteresse Europe ?

Conseil de lecture : 54×13 de Jean-Bernard Pouy où la folle échappée d’un coureur cycliste à la manière d’un polar. Pour comprendre ce que peuvent penser des joggeurs ou cyclistes solitaires.

Conseil musical : “Quand les cigares” de Loïc Lantoine

Nous n’avons pas d’Athènes parabolique

Quinze jours que cela pète de partout en Grèce. Ce n’était déjà pas joyeux avant mais seule l’émeute et la révolte sont visiblement à même de le faire comprendre au reste du monde. Dans plusieurs pays d’Europe, des actions de solidarité ont lieu, de l’attaque de véhicules de police, au blocage d’université en passant par la manifestation pacifique. Et en Belgique ? Pas grand-chose hormis quelques actions sur le campus de l’ULB. Ou plutôt pas grand-chose selon les grands médias. Certes, on ne peut pas parler de mouvements de masse. Mais les escarmouches, en soutien aux jeunes, étudiants et travailleurs grecs, sont nombreuses. Et on en parle à peine. A l’inverse dès qu’un marlouf, un pas de chez nous, crame une voiture à Molenbeek, on s’émotionne, on se congestionne, on se fait fort de ramener l’ordre.

Rappelez-vous, en mars 2005 un reportage de la chaîne de télévision flamande VTM décrivait la commune de Molenbeek comme prête à s’embraser suite à un lancer de cocktail molotov quelques jours auparavant : voir l’article… de La Dernière Heure, le résumé du reportage. Bref un beau déséquilibre médiatique qui est l’occasion de vous communiquer quelques ressources sur les différentes actions de soutien, en Belgique, aux protestations grecques.

Tout d’abord, les brèves du désordre, qui relatent ce type d’information pour tous les pays, y compris la Belgique.

Mais aussi, au plan belge, toutes actions confondues un blog récent, suie et cendres (dont je reprends la photo ci-contre), que je vous invite à  consulter rapidement.

Sans oublier les classiques bellaciao.org, indymedia athènes (pour ceux qui lisent et comprennent le grec). A noter que le site du Secours Rouge diffuse lui aussi des infos à un rythme très régulier

Conseil musical : The Eagles of Death Metal (ne vous en faites pas ce n’est pas brutal 🙂 ) et Chase the Devil

L’Ombre du Z

Petit billet vite fait bien fait

Pour ceux qui veulent savoir ce qui se passe en Grèce, pourquoi les réactions sont si dures face à une police aussi violente, pourquoi les étudiants sont aux avants-postes, je leur conseille de voir où revoir “Z”, film de Costa-Gavras, dont je vous reproduis ici la notice wikipedia. Réalisé en  1968, il montre la montée vers l’Etat policier en Grèce. Pour le reste, gouvernement de droite, génération des salaires à 600€ : plus d’infos dans les prochains jours ((quand je serai de retour du congrès statutaire de mon travail)).

Synopsis

Dans les années 1960, dans un pays du bassin méditerranéen, un député progressiste (Yves Montand) est assassiné. Le juge d’instruction chargé de l’enquête (Jean-Louis Trintignant) met en évidence le rôle du gouvernement, notamment de l’armée et de la police dans cet assassinat.

Présentation du film

Au tout début du film on peut lire : ‘Toute vraisemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE’.

Réquisitoire contre la dictature des colonels instaurée à la fin des années 1960 en Grèce (sans que ce pays soit mentionné explicitement), Z est adapté d’un roman de Vassilis Vassilikos, fondé sur un fait réel : l’assassinat du député grec Gregoris Lambrakis en 1963.

Le film pose la problématique du passage de la démocratie au fascisme, au travers notamment des rapports entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.

C’est le premier volet de la trilogie politique de Costa-Gavras, avant L’Aveu (1970) et État de siège (1973).

C’est lors d’un séjour en Grèce que Costa-Gavras découvre le livre de Vassilis Vassilikos, « Z », retraçant l’assassinat du leader de la gauche, organisé par la police et camouflé en banal accident. Dès son retour, il en écrit le scénario en collaboration avec Jorge Semprún. Ne trouvant pas le financement, il en parle à Eric Schlumberger et Jacques Perrin, qu’il connaissait depuis le film Compartiment tueurs. Pour monter le film, Eric Schlumberger et Jacques Perrin assurent une partie du financement et utilisent leurs contacts, en particulier en Algérie, où le film fut tourné. Par jeu d’amitié et de solidarité, Jean-Louis Trintignant accepta un faible cachet et Yves Montand accepta de jouer en participation.

La musique de ce film a été composée par le compositeur grec Mikis Theodorakis. En réponse à Costa-Gavras, qui lui fit demander durant sa détention pendant la dictature des colonels, d’écrire la musique de son film, il lui fit passer ce mot : « Prends ce que tu veux dans mon œuvre. »[1]

Le film a été un tel succès à travers le monde que les spectateurs applaudissaient à la fin des séances.

Le film a été récompensé par le « Prix du Jury » à Cannes, l’Oscar du meilleur film étranger et celui du meilleur montage.

Les gauches unis

Aujourd’hui fut une journée rigolote.

Il y avait un je ne sais quoi de terriblement gauche et maladroit dans l’air.

D’abord avec Ségolène, dont les partisans menaçaient de manifester aujourd’hui. Non pas que la France ait remporté une deuxième fois la Coupe du Monde de football (parce que c’est bien la probabilité la plus élevée de les y voir); non pas que la crise économique frappe à la porte tel un huissier armé d’un avis de saisie du mobilier de chez Casa; non pas que les restrictions des libertés fondamentales menacent tels des juristes de Clearstream ou des policiers vichyssois; non pas que l’hypermédiatisation du nanoprésident, la répression dans les banlieues, la fascisation des esprits, les attaques du patronat,…. Non, non! il fallait manifester devant le PS pour faire revoter. Ego-lène victime d’une infamie, d’une injustice et plaidant pour plus de transparence. Aaah du beau spectacle.

Moi, j’aime bien me  réveiller avec des nouvelles comme ça. Toutes nues. Qui lèvent un coin du voile bien pudique de notre particratie.

Mais elle en a encore pour longtemps la particratie.

Parce qu’après avoir bien rigolé durant toute ma journée de travail, j’ai découvert en rentrant que l’émission de La Première radio Face à l’Info était consacrée à : La gauche européenne se recompose ? (que je vous mets en conseil très… musical). Et au lu du titre, nul ne pouvait prévoir qu’ils parleraient… des blogs. N’importe quoi.  Mais le plus amusant fut sans doute d’apprendre quels étaient les grands débatteurs prévus. Si ce n’est le fait que Pierre Eyben y avait sa place, écouter ce calottin-PS de Gregor Chapelle avait de quoi surprendre, surtout en ce jour de marche blanche pour sauver le Parti Socialiste français et la transparence du vote. Entre autres parce que l’intéressé s’est aussi bien perdu dans les déchirements entre tendances à la Fédération des Etudiants Francophones (voir surtout la page 25 de ce document pdf), ou encore qu’il évoque le renouveau dans un bouquin préfacé par Laurette Onkelinx. Je vous laisse le plaisir de prendre connaissance de l’émission et vous la place en bas de ce blog. Elle est également disponible via le podcast de La Première.

Moi j’aime bien me coucher en rigolant.

Et je ne vous parle pas de la diffusion prévue d’un tract tout aussi décalé du Bloc Marxiste-Léniste aux travailleurs en grève devant les portes d’UCB :-). Je dormirai bien cette nuit.

Hé valley ! Rastrein(-te)

Pour ce retour sur le blog après une trop longue interruption du serveur militant (à force de laisser traîner des gremlins à côté de la bouilloire électrique, faut pas s’étonner qu’ils bousillent le matos informatique.), pour ce retour, donc, je voudrais évoquer le système des astreintes.

1. Que se passe-t-il ?

Ces dernières semaines, de nombreux secteurs professionnels, dans toutes les régions du pays auront été touchés par des grèves : le groupe Beaulieu dans le secteur textile, Ikea et Carrefour dans la grande distribution, Cytec et UCB pour la chimie / pharmacie, et une kyrielle d’opérateurs de distribution d’électricité.

Fort bien, des travailleurs défendent leurs droits. Moins positif, ces conflits fort médiatisés ont dépassé le cadre d’une opposition travailleurs-employeurs : la justice a été appelée à la rescousse par les directions et des astreintes ont été prononcées à l’encontre des grévistes.

Le droit de grève, nous le respectons, mais à la condition qu’il n’entrave pas le droit au travail disent-elles en somme. Et de recourir aux huissiers pour faire appliquer ce prétendu ((Le droit au travail est avant tout destiné à procurer le droit à tous de travailler ainsi qu’à bénéficier d’une couverture financière, le chômage, si ce n’est pas le cas Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage (art. 21 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme).)) droit au travail. Généralement, les directions passent par une requête unilatérale devant le tribunal de première instance ((quelques explications sur la structure et la procédure juridiques ici en note de bas de page)) et invoquent pêle-mêle leur droit à la liberté de travailler (elles, elles ne sont pas grévistes), leur droit à la propriété et aux valeurs qu’elles en tirent. Médiatiquement, les employeurs défendront plutôt le droit des non-grévistes à travailler ou des clients à faire leurs courses ((Voir par exemple ce qu’en dit le porte-parole de Carrefour “Waneer klanten en werknemers verhinderd worden de winkel binnen te gaan, moeten we ingrijpen”; soit “quand des clients ou des travailleurs sont empêchés d’entrer dans le magasin, nous devons intervenir”. Het Laatste Nieuws, “Personeel Ikea en Carrefour staakt”12/11/2008)). En substance, on peut faire grève mais sans gêner la bonne marche de la boutique : pas de piquet bloquant l’entrée aux non-grévistes ou entravant les livraisons, possibilité de recruter des sous-traitants pour remplacer les grévistes, etc. Toutes barrières que, pour leur part, les travailleurs grévistes utilisent pour peser économiquement sur l’entreprise et rappeler que ce sont eux les producteurs de richesse.

2. Oui mais les travailleurs non-grévistes ont “droit au travail”, quand-même ?

Oui, et non. Organisations syndicales et justice fonctionnent à deux niveaux différents, au détriment de ces premières. La justice évoque trop souvent le droit individuel à travailler, les syndicats privilégient l’aspect collectif lié à la défense des travailleurs. Ainsi, si la grève est votée en assemblée générale du personnel, parfois avec une majorité spéciale, elle devrait s’appliquer à tous, y compris à ceux qui ne veulent pas faire grève. A l’inverse, quand la grève n’est pas décidée ou que les travailleurs optent pour une reprise du travail, tous retournent au boulot, d’accord ou pas d’accord. Le constat est facile : directions et cadres supérieurs iront en justice pour pouvoir travailler et faire travailler les salariés qui le “souhaitent”. En pratique, ils veulent moins défendre le droit de leur personnel, que faire tourner leur entreprise, ne fut-ce qu’au ralenti, et continuer à engranger des rentrées financières.

3. Et on ne peut pas faire grève sans bloquer l’entreprise ?

En théorie, oui. En pratique c’est bien plus complexe. Soit 100% des travailleurs font grève, et même dans ce cas, les cadres sont réquisitionnés tandis qu’on leur adjoint des sous-traitants (ce fut le cas début octobre chez Cytec), soit ils trouvent des situations créatives qui minent la réputation de l’entreprise ou l’empêchent de tourner à plein régime : par exemple si parmi la majorité de grévistes, un service est particulièrement dur, se met complètement en grève et est difficile à remplacer. Une entreprise peut être paralysée faute de service informatique, la RTBF faute de cameramen, une raffinerie faute de personnel de contrôle. Mais ces cas sont isolés et aboutissent finalement au même  résultat : priver l’exploitation de recettes en s’en privant soi-même.

Et pour rappel, la procédure de concertation sociale est telle en Belgique, qu’un conflit se traduit en grève après de très nombreuses négociations infructueuses.

4. Pourquoi autant de recours à la justice maintenant ?

La volonté de balisage du droit de grève et de recours à la justice ne datent pas d’hier. J’en trouve déjà une trace en… 1949 ((P. SEGHERS, “Législation sociale. Projet de lois sur la suspension du contrat de louage en cas de grève”, Bulletin Social des Industriels, n° 156, avril 1949, p.168)), en plein élaboration du système de concertation sociale.
Mais d’après les auteurs ecolo-agalev d’une proposition de loi ((
Pdf : Proposition de loi modifiant l’article 1385bis du Code judiciaire en vue d’interdire l’application d’astreintes lors de contestations qui résultent de conflits collectifs du travail)), il faut attendre la mi-2001 pour que les astreintes soient réellement demandées.

Auparavant “simple” outil de pression, de chantage, les astreintes ne servaient qu’à forcer la décision dans un sens plutôt qu’un autre. Désormais, elles contribuent également à mettre les travailleurs sur la paille. Mille euros pour un jour de piquet lorsque l’on gagne 1500 euros net représentent une fortune.

La tendance à  restreindre judiciairement un droit de grève mal défini en Belgique, si elle est bien plus ancienne que l’on ne peut le penser, connaît néanmoins une aggravation certaine.
Des cabinets spécialisés, comme le cabinet Claeys et Engels, proposent aux employeurs de les débarrasser rapidement de ces importuns (voir cet article très intéressant de Marco van Hees, paru dans Solidaire ). Des astreintes sont demandées avant-même qu’une action ait lieu (donc sans acte concret), comme chez Carrefour, etc.  Les montants demandés sont disproportionnés. Il est certain que les négociations qui ont commencé lundi en vue de rechercher un accord interprofessionnel ((càd un accord entre syndicats et patronat, valable pour toutes les entreprises du pays durant deux ans, qui définit notamment, côté syndical des augmentations salariales, des droits à la formation, les conditions de pré-pension, etc., mais aussi, coté patronal des diminutions de cotisations pour les entreprises, des systèmes d’indexation des salaires défavorables, etc.)) ont amené le patronat à mettre la pression sur les travailleurs et à les décourager de faire grève au mois de décembre en cas d’échec momentané ou définitif des négociations. Les astreintes “proactives” ne sont donc que le reflet de l’attaque précoce des employeurs.

5. Réaction dans les milieux syndicaux.

Au-delà des protestations de la hiérarchie syndicale, et au-delà des ficelles juridiques pour s’opposer aux huissiers aux astreintes, d’autres mesures sont envisagées. Je voudrais vous en évoquer une en particulier. Un appel à signatures a été émis à l’initiative des délégations syndicales de la raffinerie Total et de l’entreprise Agfa-Gevaert, à Anvers.  Une énième pétition, c’est sûr. Vous pouvez la signer à titre individuel mais également en tant que délégation syndicale (150 ont déjà signé). Et c’est sans doute là que se situe l’intérêt du projet : les délégations signataires pourraient par la suite entrer en contact et réagir de concert si un huissier venait à pointer le bout de son nez dès la prochaine grève. Ce n’est pas une garantie, mais sait-on jamais…

Vous pourrez trouver toute l’information via ce blog : http://www.bloggen.be/syndicalevrijheden. Attention, le français n’est pas de la meilleure qualité.

Conseil musical : Bauhaus et In Fear of Fear

Next Page »