Quelques petits liens supplémentaires

Autant les mettre en avant, voici les nouveaux liens placés sur aplume et à poil renvoyant vers des blogs ou sites “amis” 😉 :

– le blog de Mathieu De Backer, très branché médias

– le blog d’Erictus Pithecanthropus compile des citations sans en faire des Qui a dit?

– le blog de L’Elément Terre, débranché écologie façon décroissance

– le blog-presque-site-à-lui-tout-seul de Luc Delval, Les doigts dans la crise. Une bonne critique radicale de gauche, de la recherche d’info fouillée. bref : j’aime

– le Monolecte, blog d’Agnès Maillard : de tout, toujours de gauche

Et enfin, la création d’une rubrique médias militants : je l’amorce par reprendre CQFD, Fakir, le Plan B et Siné Hebdo. la catégorie s’étoffera selon mes envies, avec un faible pour les journaux généralistes en format papier

Qui suis-je ?

– Ma première est une marque de bière écossaise

– Mon deuxième est un réalisateur américain de documentaires très engagés

– Mon troisième est un célèbre fAAtbaleur brésilien

– Mon quatrième est l’auteur de Frankenstein

Mon tout n’a rien à voir avec Sega, mais vient en concert en Belgique à l’automne. Et j’ai ma place, yeaah!

Qui suis-je ?

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Sonic Youth, évidemment

Qui a dit ?

A l’heure de la fermeture de tous les bureaux de vote, voici donc la réponse au dernier Qui a  dit?

Il ne s’agissait pas, eh non!, de Julien Lahaut mais bien d’Emile Vandervelde, ancien dirigeant du Parti Ouvrier Belge qui déclaré lors d’un discours prononcé en 1922 aux “Conférences de la vie Socialiste” ((“Les prophéties de Karl Marx”, in Emile Vandervelde, Réalisations Socialistes. Notre action d’après-guerre, Bruxelles, L’Eglantine éditeur, 1923))que :

(…) dans l’hypothèse même où, par la seule vertu du suffrage universel, la classe ouvrière arriverait au pouvoir, se trouverait-il, dans les conjonctures actuelles, quelqu’un pour n’avoir pas les doutes les plus graves sur l’efficacité de l’action parlementaire et la possibilité d’une transition pacifique entre le capitalisme et le socialisme .

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Un peu plus loin, Vandervelde notera aussi que tôt ou tard, et d’abord dans les pays les plus obérés, les gouvernants se trouveront devant ce dilemme: aller à la banqueroute ou rembourser leurs dettes par un prélèvemennt successoral ou viager sur le capital.

On remarquera qu’il s’est planté 🙂 : la Belgique s’est endettée (le gouvernement a carrément refinancé le capital bancaire), et le plan d’austérité sera à charge des travailleurs, pas des rentiers. A moins de se battre pour inverser la donne.

Pour me faire pardonner l’absence de conseil musical dans les Qui a dit ?, voici, en rafale :

– un sketch de Miam Monster Miam, de retour avec un bon rap serésien bien gras

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miam-2009-06-06.mp3]

– un petit billet de Gilles Dal relatif aux discours de campagnes électorale.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dal-2009-06-06.mp3].

Ces deux séquences ont été enregistrées pour la Semaine Infernale du 6 juin et sont encore encore baladodiffusables 🙂 via le site de La Première radio

et un vrai conseil musical avec Miss Kittin & The Hacker et leur électro sombre et un minimum engagée. The Womb est la première piste de l’album Two. Très intéressant de remarquer le jeu de mots où “womb” signifie “matrice, utérus” mais pourrait aussi être la contraction de “woman” et “bomb”.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miss-kittin_the-womb.mp3]

Allez, je vous en mets un deuxième en prime : Indulgence

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miss-kittin_indulgence.mp3]

Qui a dit ?

C’est  donc Marion Lemesre qui a dit en 2003 que la lutte des classes est une forme de racisme. Le lien est ici (pdf). Curieusement elle l’a sorti parce qu’une exposition sur le logement social laissait trop de place au mouvement ouvrier par rapport à l’architecture. C’est un peu curieux de la part de Marion Lemesre de condamner la lutte des classes, laquelle a permis qu’on construise de si beaux logements sociaux, dont elle n’a malheureusement pas retruvé le descriptif esthétique à l’expo  😉 .

Gilles avait trouvé la bonne réponse, mais en cherchant via google sur mes conseils. Donc ça ne compte pas. Et pour éviter cela, le prochain “qui a dit” ne se retrouve pas sur internet. Voilà 🙂 Bon : continuons sur notre lancée

Qui a dit :

(…) dans l’hypothèse même où, par la seule vertu du suffrage universel, la classe ouvrière arriverait au pouvoir, se trouverait-il, dans les conjonctures actuelles, quelqu’un pour n’avoir pas les doutes les plus graves sur l’efficacité de l’action parlementaire et la possibilité d’une transition pacifique entre le capitalisme et le socialisme .

– Céline Caudron, tête de liste européenne pour LCR-PSL

– Oskar Lafontaine, co-dirigeant du nouveau parti de gauche allemand Die Linke

– Julien Lahaut, ancien député communiste belge

– Georges Marchais, ancien secrétaire général du Parti Communiste français

– Emile Vandervelde, ancien président du Parti Ouvrier Belge

Qui a dit ?

Réponse du précédent “Qui a dit”

C’est donc l’auteur d’une carte blanche dans L’Echo, qui a écrit que L’ acte [de séquestration des dirigeants d’entreprise] fait bouger les choses dans un conflit qui s’enlise.

L’auteur, Emmanuel Goedseels travaille au cabinet de “gestion de crise” ((Officiellement, un cabinet qui se décrit comme : Whyte Corporate Affairs NV/SA is a Belgian, independent corporate affairs company. We deliver corporate communications and public affairs advice and support, with a specific expertise in crisis communication and issue management.
Whyte is a young, dynamic company. It is the product of refreshing entrepreneurship, built on solid foundations:

seasoned consultants with a strong reputation

a proven track record

a highly complementary team, consisting of Dutch and French speaking consultants

a diverse client portfolio

a vast network of reputable partners and contacts

a clear vision on how to manage our clients’ stakeholders, issues and crises in support of their reputation, interests and business objectives.)) Whyte, lequel a une ligne de crise joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Si vous avez mal au foie, ils donnent les coordonnées des pharmaciens de garde. Si vous êtes retenus par les travailleurs, pas contents d’être en passe de licenciement, ils envoient Monsieur Sylvestre 🙂 ? Pour suivre, allez, donc lire leur dernière communication relative à une enquête sur le lobbying d’entreprise auprès des parlementaires régionaux (en pdf).
En attendant un prochain un billet, voici d’ores et déjà un deuxième “Qui a dit ? ”

Qui a dit :

La lutte des classes est une forme de racisme

– Benoît Cerexhe, CDH, ministre régional bruxellois de l’emploi

– Marion Lesmere, MR, députée régionale bruxelloise

– Grégor Chapelle, PS, échevin du travail à Forest et 17è candidat sur la liste PS au Parlement bruxellois.

– Philippe Defeyt, Ecolo, Président du CPAS de Namur.

Qui a dit ?

Qui a dit ?

L’ acte [de séquestration des dirigeants d’entreprise] fait bouger les choses dans un conflit qui s’enlise.

– Anne Demellenne, Secrétaire générale de la FGTB dans le périodique Syndicats.

– Un haut fonctionnaire du ministère de l’Emploi, lors d’une réunion de conciliation pour la firme chimique Cytec alors que la direction et les représentants syndicaux étaient retenus par des travailleurs.

– Zoé Génot, en Commission des Affaires Sociales de la Chambre.

– Un associé d’un cabinet de gestion de crise pour les patrons, dans L’Echo.

ouéééé

Samedi, le supporter du KV Mechelen que je suis va voir ça  🙂  🙂  🙂

17 ans après, le Malinwa revient en finale de la Coupe de Belgique

Le Soir et La Libre ou L’aube d’un Diktat (deuxième partie)

Après avoir quelque peu bifurqué vers les notices wikipedia, j’en viens finalement au sujet initial : la vision des enjeux du chômage temporaire des employés pour Le Soir et La Libre Belgique.

Si vous en savez assez sur le chômage temporaire ((par chômage temporaire on entend le chômage économique par manque de travail dans l’entreprise et le chômage technique; par exemple suite à la panne d’une chaîne de production)), vous pouvez directement aller au point 2, objet du billet.

1. Le chômage temporaire : les enjeux

A. Au centre des différences de statuts entre ouvriers et employés

L’enjeu du chômage temporaire pour les employés est en fait un concentré d’autres enjeux et de rapports de force entre syndicats et patronat concernant le statut des ouvrier et des employés ((La Belgique est un des rares états européens à distinguer encore fortement les deux statuts)).

Officiellement, le statut d’ouvrier est rattaché à un travail constitué majoritairement de tâches manuelles, le statut d’employé à une majorité de tâches intellectuelles. En pratique, cette distinction selon le type de travail perd de sa pertinence au fil des ans : les travaux manuels nécessitent de plus en plus de maîtrise intellectuelle pour pouvoir être exercés : qu’il s’agisse de formation préparatoire ou continue ou bien d’aptitudes intellectuelles lors de la tâche : un maçon doit pouvoir comprendre un plan, un opérateur en salle de contrôle est devant un écran toute la journée.

Schématiquement, ces différences sont les suivantes :

  1. Les ouvriers ont des délais de préavis  plus courts que ceux des employés. Ils peuvent être licenciés plus rapidement (et peuvent démissionner plus facilement). Les indemnités qui leur sont versées en cas de licenciement sont donc moins élevées. Cela joue beaucoup lors des restructurations.
  2. Les ouvriers ont des périodes d’essais plus courtes que celles des employés.
  3. Les ouvriers connaissent peu d’évolution salariale lors de leur carrière ((hors indexation des salaires et luttes pour des augmentations)), tandis que les employés ont ce qu’on appelle une évolution barémique : en fonction de l’âge (( jugée discriminatoire par l’Union Européenne)) ou de l’ancienneté, leur salaire est augmenté automatiquement.
  4. Enfin, le chômage temporaire (voir point B) n’existe pour les employés qu’en cas de force majeure. Il peut être appliqué bien plus facilement pour les ouvriers.

Depuis bientôt dix ans, les interlocuteurs sociaux, patronat et syndicats, négocient pour harmoniser ces statuts. Simple en apparence, cette harmonisation cache en réalité des volontés patronales de dévaloriser le statut d’employé, particulièrement en harmonisant vers le  bas les délais de préavis en cas de licenciement. Ben oui : virer un employé à moindre coût fait partie des plus ardents désirs patronaux. Un autre objectif patronal consiste aussi à introduire le chômage temporaire pour les employés.

Un bon résumé de ces débats se trouve ici : http://www.far.be/far/publications2007/160507.pdf
. Je m’en suis largement inspiré.

B. Le chômage temporaire

Le chômage temporaire consiste :

  1. A mettre les travailleurs au chômage pendant une période définie et en leur versant (un petit) complément à l’allocation de chômage.
  2. A garantir leur emploi et leur retour au travail après le retour à la normale (c’est qu’il est moins cher de reprendre un travailleur déjà formé à son outil plutôt que de financer la formation d’un débutant).

Beaucoup d’entreprises ont recours à ce système sans avoir pour autant de bonnes raisons.

Bien  souvent, des entreprises mettent des ouvriers en chômage économique pour diminuer la production et maintenir ainsi des prix à la hausse. Par exemple, la vente d’engrais est faible durant l’hiver. La production sera donc diminuée pour maintenir des prix élevés. Les travailleurs sont donc les premières victimes de la politique économique de l’entreprise.

En ce qui concerne le chômage temporaire, les patrons menaçaient (( communiqué de presse du banc patronal du Groupe des dix http://www.feb.be/index.html?file=4108 )) de licencier si l’on n’introduisait pas le chômage temporaire pour les employés.

Ils ont donc saisi au vol l’opportunité de la crise économique pour demander un avantage sans tenir compte des autres différences de statut.

2. Qu’en disent les médias ?

Saint Bernard Demonty versus Saint-Michel Konen

Le 30 avril paraissaient deux éditoriaux (( pour rappel un éditorial engage la rédactiondu journal, ou à tout le moins son éditeur))  sur le chômage temporaire. Le premier était rédigé par Michel Konen, dans La Libre Belgique ((Crise, employés idéologie)) le deuxième était l’œuvre de Bernard Demonty, dans Le Soir ((L’abus de crise nuit gravement à la santé des travailleurs)).

Premier élément intéressant, aucun des éditorialistes ne reprend le débat dans sa globalité ((voir point 1)). La négociation du Groupe des dix ((les plus hauts représentants syndicaux et patronaux : composé de 2 FGTB, 2 CSC, 1 CGSLB, 1 Unizo, 1 UCM, 1 Boerenbond, 2 FEB et enfin un président (FEB, lui aussi).)) n’est pas abordée une seule fois.

Deuxième élément : le chômage temporaire pour les employés est la solution pour éviter les licenciements. Outil de flexibilité à “visage humain” pour Michel Konen, avancée permettant d’éviter les licenciements pour Bernard  Demonty.

Mais le plus curieux est sans doute la structuration identique de ces deux éditoriaux. Tant le journaliste du Soir que celui de La Libre veulent présenter les parties en présence de manière neutre. En fait c’est eux qu’ils veulent situer eux de façon neutre ((et non pas objective)). Demonty et Konen placent donc les interlocuteurs dos à dos, que ce soit pour des enjeux économiques mais aussi politiques et donc idéologiques (Konen) ou parce que les arguments (…) des employeurs et des syndicats provoquent un désagréable sentiment d’abus de crise (Demonty).

Mais si l’on prend la peine d’aller jusqu’à leurs conclusions (j’ai dû me forcer), nos braves gardiens de la neutralité journalistique se laissent aller à leurs penchants patronaux en nous prenant par les sentiments. C’est que l’on voit pourtant, aujourd’hui déjà, des entreprises, en particulier des PME, prises à la gorge par la chute des commandes(…) (Konen) . Pendant ce temps chez Arcelor et dans des centaines de petites et grandes entreprises, les C4 n’attendent, pour partir, qu’un timbre-poste. Si les patrons et les syndicats s’entêtent, ils le colleront ensemble (Demonty). On notera les “aujourd’hui” et “pendant ce temps”, accentuant le sentiment d’urgence : si on n’instaure pas le chômage économique pour le 30 avril à midi, des milliers d’entreprises vont licencier dès 13 heures, hein! D’ailleurs Arcelor vient de passer une commande suspecte à la Poste. Que diable! notre tissu économique menace de se distendre, nos entreprises risquent de passer de vie à trépas.

Les différences, à présent. On a lu qu’au début de son éditorial Michel Konen agitait l’épouvantail de l’idéologie pour expliquer le blocage. Saint-Bernard le fait lui… à la fin. Aaah Saint-Bernard, ces bonnes vieilles questions idéologiques. Ces termes dénués de sens que sont “capitalisme”, “lutte des classes”, rapport de forces. Si au moins nous retrouvions un semblant d’harmonie, si nous privilégiions le dialogue au conflit, la relation à la compétition, le pluralisme au sectarisme, le bien commun à la lutte des classes et aux intérêts corporatistes ou identitaires ((Discours de Joëlle Milquet pour le congrès programmatique du CDH http://www.lecdh.be/sites/default/files/images/congres-programmatique.pdf)). Cela permettrait de résoudre cette crise économique surgie du néant ou d’un commandement divin aux impénétrables desseins à laquelle seule une authentique humaniste ((on disait chrétienne auparavant)) pourrait répondre. Si Bernard Demonty ne l’écrit pas texto, il le pense en tout cas très fort. Saint-Michel, par contre, ne s’en prive pas : la balle est dans le camp de la Ministre de l’emploi, Joëlle Milquet. Si elle réussit à faire la synthèse (…), elle aura marqué des points importants pour elle et son parti.

Une différence entre un quotidien laïc et libéral et un autre, chrétien et “humaniste”? Où ça ?

Conseil musical : le 14 mai, P.J. Harvey et John Parish étaient en concert à l’Ancienne Belgique. Voici donc Leaving California, de leur dernier album : A Woman A Man Walked By

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/leaving_california.mp3]

Hommage à Freddy

A deux jours du Premier Mai 2008, le bourgmestre PS de Bruxelles, Freddy Thielemans, s’illustrait pitoyablement. Alors que des sans-papiers exerçaient leur droit de manifester, l’édile communal cautionna leur arrestation ((Malgré les promesses politiques de ne pas procéder à l’arrestation de personnes exerçant leurs droits constitutionnels, http://www.mrax.be/article.php3?id_article=604)) par la police. Pour une personne sans-papiers, sans existence légale (( comme si on pouvait légaliser l’existence)), franchir le pas de la clandestinité individuelle vers une manifestation collective pour obtenir des droits ((à l’existence, précisément; au travail et à la sécurité sociale; à la fin de la peur et de la précarité)) représente un acte de courage remarquable. Chaque clandestin sait qu’il s’expose de la sorte à une arrestation, à un passage vers un centre fermé et à l’expulsion. Se faire arrêter est autre chose que 12 heures de détention dans une cellule puant l’urine. Bien souvent, c’est l’assurance de revoir ses bourreaux le pied à peine posé sur le sol de son pays d’origine.

Deux jours plus tard, le bourgmestre bruxellois se faisait copieusement huer au Premier Mai FGTB de la Place Rouppe.

Crédits photos Pierre Capoue http://pierrecapoue.blogspot.com

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Mais en ce Premier Mai, c’est plutôt un hommage que je voudrais rendre à Freddy. Socialiste dans l’âme, membre de la FGTB, affilié aux Mutualités socialistes et encarté avec difficulté au PS, il s’agit pourtant d’un autre Freddy. Mais à un an d’intervalle, il a aussi chamboulé mon Premier Mai.

J’étais aujourd’hui désappointé et déçu des diverses manifestations prévues à Bruxelles pour ce Primo Maggio. D’un côté, un Premier Mai de Lutte ((d’où se sont finalement retirées de nombreuses organisations)) où l’organisateur principal aux louables objectifs utimes, demeure, c’est désespérément classique, ancré dans une analyse arriérée, et de la société et de sa constituante militante. De l’autre, un Premier mai des sans-papiers dont les initiateurs tiennent une analyse remarquablement juste mais qui évitent soigneusement de… revendiquer quoi que ce soit. Entre les deux, une Fédération Générale du Travail de Belgique qui préfère les concerts Place Rouppe et se refuse à comprendre que l’époque est au combat contre le capitalisme et pour les travailleurs et pas aux concerts bourgeois bohèmes.

Dès lors, autant me balader à vélo sur les chemins de halage en tentant de rejoindre Charleroi. Peut être le Premier Mai y sera-t-il plus dur.

Et me voilà parti pour le Pays noir. Sitôt Hal dépassée, les alentours du canal deviennent plus sauvages et sont paradoxalement les troublants témoins d’une histoire et d’un présent ouvriers.

Je longe les anciennes installations des Forges de Clabecq où, signe des temps, un grutier y débarrasse de la ferraille en ce jour des travailleurs. La veille, le patron de Duferco Clabecq ((le nouveau nom des Forges)) annonçait un plan de réorganisation, officiellement sans licenciements secs mais avec des postes de travail en moins. On y croit, tiens.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/JP-2009-04-30-19h.mp3]

(JP de 19h de la première radio le 30/04/2009)

Un peu plus loin, à Virginal, se profilent les papeteries Arjo-Wiggins. Elles aussi sont touchées par la crise et les travailleurs sont obligés ((http://www.lalibre.be/actu/brabant/article/488038/quel-avenir-pour-arjowiggins.html)) de croire à une reprise. Mais à quel coût  ? Attiré par les alentours de Ronquières, où là aussi on préfère se délasser le Premier Mai. Un peu par hasard finalement, musardant dans le pays à la recherche de côtes à gravir, je me retrouve à l’entrée d’Ittre, un pneu arrière crevé.

Et arrive Freddy. Pull troué de toute part, bleu de travail à la braguette ne fermant plus très bien, chaussettes noires dans des sandales usées du même ton. Il s’occupe sans doute à quelque bricole. Soixante-cinq ans, environ. Un peu rapetassé mais pas courbé sur lui-même, encore trapu. Avec un accent qu’on ne trouve que chez certains travailleurs de la région, un accent qui roule chaleureusement les “r”, qu’on sent remonter du bas de la gorge jusqu’au palais. Il me propose de l’eau fraîche, me parle des cyclistes qui s’arrêtent souvent devant chez lui après la montée. La discussion s’amorce. La pause est salutaire.

Je viens de Bruxelles et suis originaire de l’autre bout du Brabant, lui apprend-je. La géographie nous amène vite à évoquer sa région, aux confins du Brabant-Wallon.
– Là-bas à Ronquières c’est le Hainaut, me dit-il et Virginal est à la limite.
Ah les papeteries… Les travailleurs ne rigolent pas pour l’instant. Je lui avoue suivre le dossier de loin.

Lui aussi. Je vais à chaque fois au conseil communal. Je ne suis pas sur les listes, hein. Et le problème avec les papeteries c’est qu’elles ne font que du papier autocopiant ((une sorte de papier carbone)). Maintenant qu’il y a les ordinateurs c’est dépassé et ils ne se sont pas adaptés.
Et avec les Forges en déclin, c’est toute la région trinque.
J’y ai travaillé aux Forges. Et je suis affilié FGTB depuis 1959. chez les Métallos, hein
J’y travaille à la FGTB, camarade.
Et de me confesser qu’il ne sait pas pour qui voter, que le PS, ça ne va pas. Après la Californie de José Happart, là. Deux jours de mission parlementaire pour prendre des vacances après. Et en Californie en plus. Il y a bien le PTB, hein, mais…
Que lui dire ?

Ben à gauche il y a d’autres petites listes. Il n’y a pas que le PTB. La LCR est dans une alliance intéressante, par exemple. Et puis, il y a le frère de Roberto D’Orazio qui se présente aussi aux élections européennes sur la liste CAP D’Orazio.
Intéressé, Freddy va y réfléchir à ces petites listes. Satisfaits, on se donne du “camarade”. Notre Premier Mai est sauvé.

Mon vélo, pas encore. On se serre la main. Il s’en va. Je m’attaque au remplacement de la chambre à air.

Retour 10 minutes plus tard.

– Tiens. Voilà une Jupiler. J’en buvais une là devant les informations et je me suis dit que je pouvais bien te donner un rafraîchissement. Et ça  donne de l’énergie. (court silence) Je suis déçu, j’ai regardé le Premier Mai, là. Di Rupo avec son nœud papillon. Et à Jodoigne avec Louis Michel. Rhôô lala. Nulle part on n’a chanté l’Internationale. Sauf à un endroit.
A Liège ?, je tente.
A Liège. Eh, je te donne une bière qui vient de là hein! De la bière wallonne.
Je la dégoupille avec plaisir.

– Je vais regarder ça de plus près, les petites listes, c’est intéressant. Di Rupo, je n’y crois pas.
Ben tiens, il a privatisé Belgacom
Sans parler de la  Sabena. Dans la région c’est Flahaut. Un gros cou celui-là avec un double menton. Il est partout. Ou bien Michel de Wolf, le sportif. Son affiche est toujours à côté de celle de Flahaut. Mais lui, il est quand même plus à gauche.

Et on a causé, comme ça, sans tenir compte du temps. Partageant la même aversion à l’égard des curés et porteurs de crucifix, ces vieilles ganaches ensoutanées, comme on dit à l’ULB. Parce qu’il y a étudié à Bruxelles : commençant médecine, il a finalement opté pour la physique de la métallurgie. On se resserre la pince, une fois puis deux.

– Tu seras toujours le bienvenu me dit-il en guise d’au revoir.

– Je reviendrai
J’aimerais bien l’avoir pour maïeur, Freddy.

PS :
Cher Freddy, je te transmettrai ces lignes dès que je repasse dans le coin. Je viendrai sans doute avec deux chopes, qui seront moins fraîches que les tiennes après 30 bornes à vélo. Mais c’est l’intention qui compte, comme on dit. C’est que j’ai deux choses à  me faire pardonner, camarade.
D’abord, je dois t’avouer que je vote nul. Le moment n’était pas propice pour te le dire, ton casier de Jupiler y serait passé et je ne sais pas comment j’aurais évité de verser dans l’eau du canal sur le chemin du retour.
C’est que c’est dur d’expliquer sa position à quelqu’un qui a pu voir que le PS (ou plutôt le POB avait un sens) à un moment de son histoire. Rappelle-toi, nous avons aussi parlé de la grève contre la loi unique et tu as sûrement vécu une partie de la guerre scolaire et de la Question royale. Et le PC aussi avait du sens à cette époque.
Je voudrais te dire, camarade, que le suffrage universel nous a été confisqué. Que nous votons mais que nos élus appartiennent à une “élite”, les guillemets s’imposent, qui  sous couvert de beaux discours et de caresses dans le sens du poil a accepté le capitalisme depuis longtemps. Et en profite. Et que les petites listes n’ont pas beaucoup d’autre ambition que de symboliser un sursaut, un mouvement protestataire. Mais pas de renverser le pouvoir en place pour le socialisme. Voilà c’est très vite dit. Mais j’espère que nous aurons l’occasion d’en recauser un jour.
Mais, camarade, quel que soit ton choix, je ne peux que le respecter. Tant au fond de toi qu’à l’extérieur, tu as le cœur à gauche et tu continueras à te battre. Moi aussi je lutterai.
A bientôt.

Enfin, j’ai l’habitude de boire de la Maes. Mais ne t’en fais pas: la Jup’ me convient très bien aussi.

PPS : je lirai Jacques Monod, et Le hasard et la nécessité

Conseil musical : Miossec, pour ce que ni lui ni moi ne voulons devenir avec On était tellement de gauche

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miossec-on_etait.mp3]


La puce à l’orteil

(Oui, oui je sais, je n’ai plus rien écrit depuis plusieurs mois)

Je tentais de distiller il y a quelque temps de cela mon bonheur de courir, de la dose d’endorphine ainsi générée, de la pensée vagabonde, de la sensation de ne pas devoir s’arrêter.

Désireux de retrouver ces menus plaisirs et armé de ma volonté de reprendre le sport sérieusement, j’ai pour la première fois depuis 10 ans couru un beau 10km le long du canal Bruxelles-Charleroi. C’est que le fumeur que je suis redevenu a hâte de retrouver la forme ((et il faut aussi que j’arrête rapidement de cloper)). Mais l’objectif est encore loin d’être réalisé; il ne l’est qu’à 50%, en fait. C’est que je fais partie des quelque 25.000 inscrits aux 20 kilomètres de Bruxelles.

Machine bien huilée (autant qu’un bon vélo de course), les 20 km de Bruxelles bénéficient de dispendieux sponsors : Spa, Mars, mais aussi la banque KBC, l’équipementier Nike, le pétrolier Total, le Ministère de la défense (m’enfin ils vont organiser un ballet aérien à coups de kérozène au-dessus de nos poumons). Et pis il y a la Commission européenne ((pour le vélo on se contente du sponsoring de la Loterie nationale et les pires sont Chiquita et la Dernière Heure)). Et ils ont fait dans le grandiloquent. Chacun des 25.000 participants a en effet reçu une puce électronique à fixer à la chaussure pour comptabiliser son temps automatiquement. Et ladite puce est frappée du logo de la Commission européenne, surmonté d’une petite phrase, toute bête, mais qui me fait gerber : 20 years fall Berlin Wall. C’est que ce libéral de Barroso compte bien mettre à profit 2009 pour célébrer la chute du Mur de Berlin.
C’est à se demander si on voulait vraiment son écroulement, au vu des conséquences du capitalisme. Allez, un exemple. Un autre mur, invisible, a été créé petit à petit par les états membres de l’Union européenne. Et là c’est pour empêcher les gens d’entrer, pas de sortir. Si le Mur de Berlin, aurait fait 1135 morts directs au maximum, ce sont pas moins de 13.767 candidats à l’immigration qui sont morts devant les murailles européennes faites de contrôle de sable du Sahara et d’eau méditerranéenne. Et cela entre 1988 et 2007. Le mur de Berlin a tenu 28 ans. Et la Forteresse Europe ?

Conseil de lecture : 54×13 de Jean-Bernard Pouy où la folle échappée d’un coureur cycliste à la manière d’un polar. Pour comprendre ce que peuvent penser des joggeurs ou cyclistes solitaires.

Conseil musical : “Quand les cigares” de Loïc Lantoine

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