Je déteste les couples, je les hais… tout lourds

Petite sortie pour un moment que (c) www.lisagermano.comj’espère grand. Guéric, Oise et moi constituons un trio festif inédit pour cette Nuits Botanique du 10 mai où “les femmes s’en mêlent”. Ce soir, Charline Rose, Lisa Germano et Anaïs donnent un double “la”, déterminant et musical.

Le temps de louper Charline Rose (que Jean-Pierre Hautier aime beaucoup ce qui me fait penser que je n’ai peut-être pas manqué grand’chose), et nous voilà dans la salle de l’Orangerie, à l’instant où commence Lisa Germano. A la différence de sa prestation à la Rotonde au mois de décembre, elle est cette fois acccompagnée d’un bassiste dont l’utilité dans un set minimaliste restait à prouver. Elle le sera avec brio, particulièrement quand Lisa Germano délaissera le piano pour sa vieille guitare cabossée.

Le public par contre, il est moins certain qu’il fut utile. Gênant même. Toujours ce problème des festivals où la moitié de l’assistance n’en a que pour la tête d’affiche. Du coup, Guéric d’auditeur averti est devenu audiophile irrité et tel le cinéphile au Musée a hurlé un chhhhhhhhht suivi des “m’enfin, c’est pas possible” (bien insister sur le “i”, laisser tomber le “L” ).

(Pause : une mousse avec bière plus tard)

Anaïs commence son set. Et nous sommes visiblement les trois(c) anaisinyourface.free.fr/ seules personnes à avoir quitté la salle, tandis que 300 autres s’y sont engouffrées entretemps. La foule est compacte et peu sympathique. Se frayer un passage tient de l’exploit, les couples enlacés ne se détachent pas, feignent ne pas nous voir, jouent les excédés, le sont réellement. Recherchent l’hypothétique petite croix sur le sol indiquant leur “place debout” numérotée. Ne la trouvent pas. Signifient à Guéric qu’il doit dire pardon chaque fois qu’il avance un pied.

Un refuge est enfin trouvé à gauche de la zone neutre où travaille l’ingé son. Impossible de s’accouder trente secondes aux barrières Nadar : les “je ne vois plus rien” des copines ponctués des “pfffffff” des copains sont autant de manières indirectes de nous suggérer de foutre le camp. Arrêt définitif cinq mètres plus loin, après un ultime parcours du combattant. Et je peux voir…

… la scène, un grand guitariste, un batteur dans le fond, Anaïs à l’acoustique et à la boîte à loops. Deux écrans pas géants transmettent l’image d’une traductrice en langue des signes qui, on l’imagine, convertit ce qui est raconté par le guitariste entre deux morceaux, soit les tracas existentiels d’une collégienne américaine. Du moins de ce que j’en comprends et de ce qu’on m’en explique. Ma tête est rapidement ailleurs : la salle n’est pas réceptive aux déhanchements et chabadabada corporels qu’on appelle la danse. Je suis droit comme un “I”et j’ai l’impression que si je bouge de trois centimètres, ça va finir en engueulade avec la “dame” juste derrière moi qui n’a de cesse de soupirer et est sans doute à l’origine d’un peu amène coup de coude; Oise qui esquissait un mouvement a été aussitôt remise à sa place. Persistant à marmonner, ruminer et gargouiller je propose à la désormais mégère de passer devant moi si elle ne voit rien.

Mais non, c’est vous qui vous imposez. Je veux rester près de mon mari, moi.

C’est donc ça !!!. Des maris, des épouses, des “mon coeur, mon amour” ! Je ne vois plus que ça. Les messieurs ont le cheveu bien taillé, le poil de barbe rasé si soigneusement qu’on les croirait imberbes, leur nez supporte de petites lunettes de matheux. Leur rock’n’roll attitude s’exprime par une chemise à carreaux parfaitement repassée qu’ils auront eu soin, toutefois, de négligement fait sortir du jean. Toujours accompagnée, Madame allie tendresse et fierté dans les bras de cet époux à l’uniforme casual, adapté à toutes les situations. Elle arbore un sage carré en guise de coiffure tandis qu’un petit pull noué autour de son cou recouvre partiellement un pudique chemisier blanc à la coupe indéfinissable. Et ce genre de machins, dans une salle, ça ne bouge pas. Ca ne danse pas. Ca ne vit pas. Poliment, on évoquera un public statique (et cela va de soi, sans électricité). Honnêtement, on parlera de public de merde. Pourtant, ils connaissent parfaitement l’album ces petits couples. Ils apprécient le deuxième degré, savent exactement quand rire, mais pas du tout pourquoi. Alors même qu’ils se moquent de leur propre miroir.

Bref Anaïs, oui, mais uniquement au Graspop : elle aussi a droit à un public de qualité.

Conseil musical : Lisa Germano avec If I Think Of Love

Comments

  1. oise
    May 21st, 2007 | 11:20

    HA HA HA ! Je retrouve parfaitement l’ambiance de la soirée dans ton récit (ah un petit fou rire de grand matin ça fait du bien – t’as jamais pensé à postuler à la semaine infernale ?).

    Et je confirme : un vrai public de chiottes…

    Peut-être que la dame derrière toi (dame qui, soit dit en passant, sous ses airs de ptite madame polie, m’a également donné un coup de coude alors que je dansais avec la tête – le reste de mon corps étant prisonnier de la foule compacte ; comme je suis polie moi aussi, je le lui ai rendu en parfaite courtoise) peut être que cette dame donc avait peur de le perdre son casual mari, alors elle n’allait quand même pas lui lâcher la main ?!! non mais tu imagines ? il aurait pu s’enfuir !! et elle aurait pu se perdre et se retrouver seule près de dangereux agitateurs qui ne respectent même pas “la place” des autres et qui en plus veulent danser !! non mais que fait la police franchement.

    Le lendemain heureusement, à la nuit belge, le public était fort sympathique (et bien moins bourgeois d’alleurs), ça bougeait bien et je me suis bien rattrapée en m’éclatant avec ma copine rebecca !! :o)

    Bon à quand la revanche ?

  2. May 21st, 2007 | 16:27

    Eh bé! Et moi qui ait failli y aller…

  3. June 9th, 2007 | 18:20

    […] je vous envoie plein d’infos pour des concerts, que je râle sur le public du Bota, que je trépigne à l’avance à l’idée de voir le P-Funk, que je trépigne quand je […]