Le Soir et La Libre ou L’aube d’un Diktat (première partie)

Ceci est la première partie, d’un article consacré à la vision des enjeux sur le chômage économique des employés par La Libre Belgique et Le Soir. Mes recherches m’ont ainsi amené à remarquer les deux notices wikipedia consacrées aux deux grands (en termes de lectorat uniquement) quotidiens généralistes francophones de Belgique. sans lien avec le chômage économique, je n’ai pu résister à l’envie de vous présenter ces deux curieuses notices.

Lancé dans un projet en lente gestation d’information indépendante, la fausse objectivité ou impartialité de nos grands médias ne cesse de m’interpeller. Parti du projet de la mise en évidence de la pensée unique dans deux quotidiens  francophones du pays, Le Soir et La Libre Belgique, j’ai débuté mes recherches par un passage vers Wikipedia, pour y trouver quelques références de départ. J’ai été très surpris de constater que les “notices” Wikipedia présentent Le Soir et La Libre Belgique d’une bien curieuse manière.

Pour Le Soir, si ce ne sont les chiffres de tirage et de lectorat, les seules sources utilisées pour la rédaction de la notice sont ce que pense la rédactrice en chef du quotidien. Je vous laisse le soin d’apprécier la force de caractère du Soir telle que présentée par Wikipedia :

Réaffirmée à l’occasion de la sortie de la nouvelle formule, le 15 novembre 2005, la ligne éditoriale du Soir le pose en tant que “quotidien progressiste indépendant”. Il se veut, selon sa rédactrice en chef, Béatrice Delvaux, “contrepouvoir”, “à l’écoute, en phase avec la société”, “populaire, par opposition à un quotidien de l’establishment”. “Le Soir ne sera pas un ventre mou, écrit-elle. Il mènera des combats et sera tranchant, avec la publication chaque jour d’une page donnant son opinion, reposant sur une colonne vertébrale: la poursuite farouche du progrès. Le Soir est progressiste. Résolument, profondément, irrésistiblement. Partisan… du progrès social, politique, économique, farouchement attaché à la volonté de faire bouger la société vers un idéal correspondant aux valeurs du journal”. “Un Soir de combat pour les droits de l’homme et de la femme, le respect de la dignité humaine, la liberté d’expression, la tolérance, la multiculturalité, la différence”. “Le Soir” ne se veut ni de droite ni de gauche: “Nous devons au contraire refuser toutes les étiquettes politiques qui corsètent, embrigadent, mettent des œillères, créent des tabous. Il peut y avoir du conservatisme à gauche et du progrès à droite: c’est notre capacité à le reconnaître le cas échéant, en suivant la seule trame de nos valeurs, qui nous permettra d’être extrêmement libres dans notre travail, d’être justes dans nos exposés des faits et nos analyses, d’êtres crédibles car non inféodés à des organisations (…) ou aux hommes et aux femmes qui les composent”.

Tout ça est très novlangue, tout de même. M’amusant à taper les termes suivants en recherche “belgique” dans google : [ contrepouvoir progressiste “progrès social” “dignité humaine” multiculturalité] je n’ai eu que… trois résultats de recherche. mais un de ceux là était le programme du… Parti Socialiste pour les élections législatives 2007 ((tout de même une brique de 305 pages; contrepouvoir apparaît une fois, progressiste 9 fois, progrès social 4, dignité humaine 5, multiculturel 6 (o occurenes de multiculturalité)). Troublant.

Pour La Libre Belgique, le référencement est plus amusant. On y retrouve bien sûr les chiffres du CIM pour l’analyse de lectorat et… une source externe décrivant le journal :

La Libre Belgique fut longtemps à forte tendance catholique, avant de s’ouvrir vers d’autres points de vue en 1999. Dans les années 1970, Jean-François Bastin évoque le « phénomène La Libre Belgique », qu’il présente comme un journal à caractère national, catholique, monarchiste, qui fait de la polémique et a quatre cibles privilégiées : les syndicalistes, les gauchistes, les fédéralistes et la RTBF.

Mais qui donc est ce Jean-François Bastin ? L’architecture wikipedia nous fournit un lien immédiat mais il manque de sens puisque ledit Jean-François Bastin est… allez-y cliquez sur ce lien.

Oui, oui, c’est bien lui

En réalité, il est possible que l’auteur de la phrase était soit Max Bastin (issu du Mouvement Ouvrier Chrétien) soit Jean-François Bastin (un réel homonyme, documentariste à la RTBF). Ou encore que le fils ait le même prénom que le père. Ce qui ne change rien à l’erreur.

Autre problème : nous n’avons aucune idée de l’éventuelle vision plus récente de La Libre Belgique. Mais si l’on en croit Jean-Jacques Jespers, professeur de journalisme à l’ULB, On constate aussi une homogénéisation des choix rédactionnels – Le Soir et la Libre Belgique ont le plus souvent la même manchette, sinon le même titre – et une dépolitisation des contenus, l’information politique ayant souvent la réputation d’être ennuyeuse ((intervention réalisée lors d’un colloque sur les médias en mai 2005 à l’occasion du 175è anniversaire de la Belgique et que l’on peut retrouver en intégralité sur l’ancien portail 175-25)).

Aaah c’est dommage cette réponse si tranchée de JJJ :-). Comme pour Le Soir, j’aurais bien lancé une autre petite recherche google. Pour savoir si les mots-clés descriptifs de La Libre Belgique auarient été étiquettés CDH, MR, PS ou Ecolo. Ou bien les 4.

En attendant la suite de ce billet, consacrée à deux éditoriaux sur l’introduction du chômage économique pour les employés, voici quelques références utiles pour savoir ce que “pensent” La Libre et Le Soir.

1.  R. CAMPE, M. DUMON et J.-J. JESPERS, Radioscopie de la presse belge, Verviers, 1975.

2. J.-Fr. DUMONT, B. GREVISSE et G. RINGLET, La presse écrite en Belgique, Diegem, 1998.

3. E. DE BENS, De pers in België. Het verhaal van de Belgische dagbladers. Gisteren, vandag en morgen, Tielt, 1997.

Mieux vaut parfois lire que se fier à Wikipedia, dont les ennuis de fiabilité sont abordés dans un article de l’édition d’avril du Monde Diplomatique.

Conseil musical : il s’agit d’une petite découverte (je ne remercierai jamais assez la médiathèque). Le compilateur et remixeur de ce cd CD est DJ Spooky. Il a édité un album en 2008 ,Sound Unboud, dont le site spécifique est ici. La démarche consiste à méler musique et information. Et d’évoquer le rôle du son et de la musique dans une société basée sur l’information. Dans le sens d’information, il s’agit de passages audio de différents artistes, écrivains, philosophes, ingénieurs du son, etc. L’intégralité n’est pas à écouter attentivement mais plutôt d’une oreille distraite, attirée ponctuellement par un “morceau” ou un autre. C’est ainsi que je vous fais écouter, même si l’album  a plus de valeur d’une traite, une Fanfare Savale qui reprend du Maïakovski ainsi que la dernière plage de l’album ou Iggy Pop lit du William Burroughs. Sonic Youth est également remixé une fois sur ce CD :-).

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dj_spooky_fanfare.mp3]

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dj_spooky_iggy_pop.mp3].

Comments

  1. May 13th, 2009 | 5:07

    hep, Ju, j’ai un peu de mal à suivre le lien logique ici:
    “C’est dommage cette réponse si tranchée; j’aurais bien lancé une autre petite recherche google.”

    dans ta note 1: occurenes.

  2. Julien Uh
    May 13th, 2009 | 9:03

    Ok thitho. J’espère qu’avec les quelques clarifications que je viens d’ajouter cela deviendra plus compréhensible