Qui a dit ?

Réponse du précédent “Qui a dit”

C’est donc l’auteur d’une carte blanche dans L’Echo, qui a écrit que L’ acte [de séquestration des dirigeants d’entreprise] fait bouger les choses dans un conflit qui s’enlise.

L’auteur, Emmanuel Goedseels travaille au cabinet de “gestion de crise” ((Officiellement, un cabinet qui se décrit comme : Whyte Corporate Affairs NV/SA is a Belgian, independent corporate affairs company. We deliver corporate communications and public affairs advice and support, with a specific expertise in crisis communication and issue management.
Whyte is a young, dynamic company. It is the product of refreshing entrepreneurship, built on solid foundations:

seasoned consultants with a strong reputation

a proven track record

a highly complementary team, consisting of Dutch and French speaking consultants

a diverse client portfolio

a vast network of reputable partners and contacts

a clear vision on how to manage our clients’ stakeholders, issues and crises in support of their reputation, interests and business objectives.)) Whyte, lequel a une ligne de crise joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Si vous avez mal au foie, ils donnent les coordonnées des pharmaciens de garde. Si vous êtes retenus par les travailleurs, pas contents d’être en passe de licenciement, ils envoient Monsieur Sylvestre 🙂 ? Pour suivre, allez, donc lire leur dernière communication relative à une enquête sur le lobbying d’entreprise auprès des parlementaires régionaux (en pdf).
En attendant un prochain un billet, voici d’ores et déjà un deuxième “Qui a dit ? ”

Qui a dit :

La lutte des classes est une forme de racisme

– Benoît Cerexhe, CDH, ministre régional bruxellois de l’emploi

– Marion Lesmere, MR, députée régionale bruxelloise

– Grégor Chapelle, PS, échevin du travail à Forest et 17è candidat sur la liste PS au Parlement bruxellois.

– Philippe Defeyt, Ecolo, Président du CPAS de Namur.

ychodrame

Cela fait un moment que je m’interroge sur le pourquoi de la future claque (( Je ne me base que sur des sondages. C’est sauf bouleversement, donc. Et intuitivement, vu l’ancrage du PS dans les têtes, la chute ne sera peut-être pas aussi sévère qu’annoncée)) que le PS va recevoir en pleine figure le 7 juin.

Voici donc quelques réflexions subjectives, non référencées ((Parce que je n’avais pas envie, cette fois, d’éplucher 35 articles du PPA qui n’apporteraient rien de neuf ou de rechercher mes sources de sociologie politique un peu moins dominantes que celles du CEVIPOL)), et donc évidemment critiquables et ouvertes à débat.

Tout part d’un passage de Philippe Moureaux à l’émission Matin Première / Questions publiques, le 12 mai, peu de jours après “l’affaire” Donfut.
Vous pouvez réécouter le tout ici :

Matin Première [dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/moureaux_mp-2009-05-12.mp3]

Questions publiques [dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/moureaux_qp-2009-05-12.mp3]

Durant Questions Publiques, ce seront les mêmes incessantes questions d’auditeurs. Beaucoup traitent de l’éthique en politique et l’on y entend un très net dégoût du PS, mêlé de rancœur profonde. Corruption, magouilles, clientélisme reviennent et reviennent. C’est que le “cas” Donfut en est le point d’orgue. Depuis l’assassinat d’André Cools, le PS accumule les casseroles. Agusta, Dassault, Inusop, Smap, Carolo, cartes essences à Namur, affaire Vienne, affaireS Lizin, mission en Californie ((Dans son ensemble, le pilier “socialiste” est également touché, bien que plus discrètement : SETCa Anvers, SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde, “doubles salaires” aux Mutualités socialistes)). S’ajoutent à cela les personnalités et gaffes de certains mandataires : Laloux, Daerden père et fils, Mathot fils, Happart frères, Thielemans, Van Cauwenberghe père et fils. Le profil d’un PS ventripotent, oligarque, dynastique et affairiste est complet. Quand bien même des “gaffes” seraient des non-événements pour journalistes de garde au mois de juillet, quand bien même des affaires se dégonfleraient, l’effervescence médiatique liée aux révélations restent dans les têtes. Pas l’entrefilet de démenti en 5è page.

Bien entendu, les affaires touchent aussi tous les autres partis “traditionnels”, à l’exception provisoire d’Ecolo (parce qu’ayant participé à peu de majorités, avec moins de baronnies, et historiquement soucieux de l’éthique). Et chacun de citer Chastel, Detremmerie, Ducarme, Fournaux.

Pourquoi cet acharnement éthique contre un PS en fin de vie?

1. Incarnée par Elio Di Rupo, la “révolution” éthique tant promise ne semble pas venir. En fait, elle est en cours. On place des Magnette ou des Demotte, aseptisés et technocrates, pour promouvoir les nouvelles “valeurs”, le renouvellement, la refondation, le nouveau visage, les nouvelles lunettes design, le nouveau truc. ON s’inquiète des intercommunales, on complète sa déclaration de mandats, etc. Bref, le grand nettoyage se fait quitte à tirer un peu sur la corde pour éliminer unennemi politique.

Mais sitôt soulevé le tapis où l’on avait pris soin d’y cacher soigneusement la poussière accumulée, celle-ci s’est envolée et éparpillée partout, se révélant au grand jour. Découragé, on laisse donc retomber la poussière jusqu’à ce que les petits bras agités d’un journaliste ne la refassent s’envoler.

2. Ensuite, chaque rédaction, du grand chef au jouraliste stagiaire, en passant par le pigiste, a bien intégré qu’il est plus facile de trouver des problèmes éthiques au PS plutôt qu’à Ecolo, à Charleroi plutôt qu’à Uccle ((où l’on en trouve pourtant de beaux aussi sur l’organisation de joggings communaux)).

3. Tertio, l’on peut rester songeur à l’idée que nombre de communes wallonnes font ou faisaient analyser leurs comptes par la société de révisorat DC&Co, jadis propriété de Michel Daerden.

4. Enfin, expliquant aussi pourquoi les améliorations passent inaperçues, la population est sans cesse plus exigeante vis-à-vis de l’éthique. On doit s’interroger très sérieusement  sur cette nouvelle motivation politique à l’encontre du PS.

Pourquoi l’éthique ne dérange personne ?

L’éthique, c’est avant tout un débat facile. On mélange tout : corruption active et passive, clientélisme, détournements de fonds (à des fins personnelles ou pas), ou des lois ou des deux, comportements immoraux mais dans le cadre légal, le tout donnant un beau paquet de merde que l’on dénonce en bloc.

Et ce d’autant plus facilement que tout le monde, sans exception, condamne ces actes.

1. Les autres formations politiques parce qu’elles peuvent se targuer d’être un peu plus proches de l’irréprochable que ne l’est le PS.

2. Les médias dominants, parce qu’ils peuvent affirmer leur “travail d’investigation”, leur “indépendance”  et leur rôle de “quatrième pouvoir” à peu de frais. Qu’ils peuvent éditorialiser en faisant feintant se positionner. Tout cela est plus facile à traiter que l’évolution du rapport capital/travail en faveur de ce premier ou les écarts de richesse chaque année grandissants ((Point d’analyse politique, ici : je parle juste de données économiques fondamentales pour comprendre la société et qui ne sont quasi jamais mises en avant)).

3. Le peuple ((Oui appelons-le comme ça)), enfin, en particulier les futurs anciens électeurs PS, voire une partie de sa base.
Depuis vingt ans, il est écrasé par un discours qu’il est difficile de confronter à la réalité ((entre autres parce que la réalité n’est plus décrite telle qu’elle est, entre autres parce qu’on la complique aussi inutilement : on parle de complexité, de multitudes, on désincarne la décision pour la mettre aux mains d’un marché, d’une Union Européenne ou d’une mondialisation)), l’arme fatale en cas de doute dans l’isoloir.

Pourquoi le PS dérange tout le monde ou à peu près…

C’est le fameux : sans le PS, ce serait pire. La Sécu serait pire, le chômage serait pire, la droite serait pire, la privatisation serait pire, la crise serait pire.

Or, ça fait vingt ans que la Sécu se fait flinguer (on dit “redresser”), dix ans qu’on fait des cadeaux (on dit “soutien”) aux entreprises sans exiger de contrepartie en matière d’emploi ((voir par exemple ici. Et je ne vous parle pas de la date du premier cadeau “conditionné”)), dix ans qu’une amnistie fiscale (pensez: encouragement à la fraude) a été instaurée, vingt ans que les contrats de merde : Maribel, Maribel sociaux, ACS, contractuels dans la fonction publique, Rosetta, intérims, CDD successifs, article 60, titres-services, PFI, Activa, SINE, APE, APE jeunes. Vingt ans, donc, que ces “contrats” détruisent tout statut et toute sécurité financière. Trente ans que le taux de chômage ne diminue pas réellement, sauf quand on bousille le thermomètre en ne comptant pas les plus de cinquante ans, les “en formation”, les “en stage d’attente”, les qui ne sont pas “complets indemnisés”. Vingt-cinq ans que les écarts de revenus entre riches et pauvres s’accroissent, que l’argent se déplace de la sueur des travailleurs vers le capital des rentiers. Plus de quinze ans qu’on “consolide” et qu’on “adapte au Marché européen”, aux “normes internationales”, qu’on augmente notre “compétitivité” (pensez : qu’on privatise).

Et vingt ans que le PS est au pouvoir. Que sans lui… ce serait pire.

Quoi !!!?

Sans le PS, il y aurait dix mille chômeurs de plus ? On aurait “moins bien” privatisé ? Contrôlé 2500 chômeurs supplémentaires ? Fermé 300 autres entreprises ? Les salaires auraient été moins élevés ? On entre dans l’hypothétique, dans l’inargumentable. Avec des “Si” on mettrait le capitalisme en bouteille et le PS comme bouchon.

Durant vingt ans, le PS a refusé la critique et la remise en question ((Y compris vis-à-vis de sa base qui attend toujours le congrès tant promis d’évaluation de participation au gouvernement fédéral en 2007)). Un exemple récent ? Le silence radio total suite à la grève de trois jours contre la privatisation de la Poste. Mais faut-il entretenir beaucoup d’espoirs à l’égard d’un parti devenu défenseur des plus riches ?

Sans l’éthique ce serait pire ?

Face à cette fin de non-recevoir, la critique générale s’est donc transformée, de même que les personnes porteuses de cette critique. Sous les assauts des discours social-économistes de marché (lisez : capitalistes) alors même qu’ils proviennent des élus et d’un parti  historiquement ((mais seulement historiquement)) choisi pour le combattre ((et est encore identifiés comme tel par nombre d’électeurs)), la critique a plié. Mais pas cédé.

Parce que le capitalisme NE PEUT PAS rendre heureux les centaines de milliers de chômeurs en Belgique, les centaines de millions dans le monde. Ni le million et demi de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en Belgique, le milliard quatre-cents millions dans le monde. Ni les travailleurs pressurés, harcelés, licenciés, suicidés. Le capitalisme tue… Et je ne parle encore que d’économie; pas de mal-être, de dépréciation de soi et des autres, d’éducation et d’enseignement, de culture.

Mais parce qu’il n’est pas impossible ou interdit mais “archaïque”, “désuet”, “dépassé”, “hors sujet” d’évoquer le capitalisme, la critique a suivi les vents dominants. Parce que le PS a gagné ((…il n’a pas gagné tout seul, bien entendu)) sur le point fondamental qu’est la transformation de la réalité où toute opposition au capitalisme n’a désormais plus de sens, il se fait attaquer d’une autre manière, qu’il est bien incapable de contrôler : l’éthique.

Pour autant, la défaite du PS aux élections ne générera pas Le Grand Soir (je vous renvoie ici à l’article, que je partage en grande partie, de Un Homme).

Bien au contraire, dénier la nécessité de transformer radicalement la société au profit d’une éthique pis-aller est dangereux. Pendant que l’on songe aux 13.000 euros mensuels de Didier Donfut, on oublie les trente milliards ((soit près de 200.000  fois le salaire annuel de Didier Donfut)) de fraude fiscale annuels ((http://www.lesoir.be/actualite/economie/la-fraude-fiscale-coute-30-2008-01-31-574684.shtml)), on oublie les intérêts notionnels. On oublie, tout simplement, l’exploitation constante et quotidienne.

Conseil de lecture : La Guerre Des Classes par François RUFIN, Fayard, 2008.

NB : encore plein de fautes de frappe, de raccourcis, etc.

Qui a dit ?

Qui a dit ?

L’ acte [de séquestration des dirigeants d’entreprise] fait bouger les choses dans un conflit qui s’enlise.

– Anne Demellenne, Secrétaire générale de la FGTB dans le périodique Syndicats.

– Un haut fonctionnaire du ministère de l’Emploi, lors d’une réunion de conciliation pour la firme chimique Cytec alors que la direction et les représentants syndicaux étaient retenus par des travailleurs.

– Zoé Génot, en Commission des Affaires Sociales de la Chambre.

– Un associé d’un cabinet de gestion de crise pour les patrons, dans L’Echo.

ouéééé

Samedi, le supporter du KV Mechelen que je suis va voir ça  🙂  🙂  🙂

17 ans après, le Malinwa revient en finale de la Coupe de Belgique

Le Soir et La Libre ou L’aube d’un Diktat (deuxième partie)

Après avoir quelque peu bifurqué vers les notices wikipedia, j’en viens finalement au sujet initial : la vision des enjeux du chômage temporaire des employés pour Le Soir et La Libre Belgique.

Si vous en savez assez sur le chômage temporaire ((par chômage temporaire on entend le chômage économique par manque de travail dans l’entreprise et le chômage technique; par exemple suite à la panne d’une chaîne de production)), vous pouvez directement aller au point 2, objet du billet.

1. Le chômage temporaire : les enjeux

A. Au centre des différences de statuts entre ouvriers et employés

L’enjeu du chômage temporaire pour les employés est en fait un concentré d’autres enjeux et de rapports de force entre syndicats et patronat concernant le statut des ouvrier et des employés ((La Belgique est un des rares états européens à distinguer encore fortement les deux statuts)).

Officiellement, le statut d’ouvrier est rattaché à un travail constitué majoritairement de tâches manuelles, le statut d’employé à une majorité de tâches intellectuelles. En pratique, cette distinction selon le type de travail perd de sa pertinence au fil des ans : les travaux manuels nécessitent de plus en plus de maîtrise intellectuelle pour pouvoir être exercés : qu’il s’agisse de formation préparatoire ou continue ou bien d’aptitudes intellectuelles lors de la tâche : un maçon doit pouvoir comprendre un plan, un opérateur en salle de contrôle est devant un écran toute la journée.

Schématiquement, ces différences sont les suivantes :

  1. Les ouvriers ont des délais de préavis  plus courts que ceux des employés. Ils peuvent être licenciés plus rapidement (et peuvent démissionner plus facilement). Les indemnités qui leur sont versées en cas de licenciement sont donc moins élevées. Cela joue beaucoup lors des restructurations.
  2. Les ouvriers ont des périodes d’essais plus courtes que celles des employés.
  3. Les ouvriers connaissent peu d’évolution salariale lors de leur carrière ((hors indexation des salaires et luttes pour des augmentations)), tandis que les employés ont ce qu’on appelle une évolution barémique : en fonction de l’âge (( jugée discriminatoire par l’Union Européenne)) ou de l’ancienneté, leur salaire est augmenté automatiquement.
  4. Enfin, le chômage temporaire (voir point B) n’existe pour les employés qu’en cas de force majeure. Il peut être appliqué bien plus facilement pour les ouvriers.

Depuis bientôt dix ans, les interlocuteurs sociaux, patronat et syndicats, négocient pour harmoniser ces statuts. Simple en apparence, cette harmonisation cache en réalité des volontés patronales de dévaloriser le statut d’employé, particulièrement en harmonisant vers le  bas les délais de préavis en cas de licenciement. Ben oui : virer un employé à moindre coût fait partie des plus ardents désirs patronaux. Un autre objectif patronal consiste aussi à introduire le chômage temporaire pour les employés.

Un bon résumé de ces débats se trouve ici : http://www.far.be/far/publications2007/160507.pdf
. Je m’en suis largement inspiré.

B. Le chômage temporaire

Le chômage temporaire consiste :

  1. A mettre les travailleurs au chômage pendant une période définie et en leur versant (un petit) complément à l’allocation de chômage.
  2. A garantir leur emploi et leur retour au travail après le retour à la normale (c’est qu’il est moins cher de reprendre un travailleur déjà formé à son outil plutôt que de financer la formation d’un débutant).

Beaucoup d’entreprises ont recours à ce système sans avoir pour autant de bonnes raisons.

Bien  souvent, des entreprises mettent des ouvriers en chômage économique pour diminuer la production et maintenir ainsi des prix à la hausse. Par exemple, la vente d’engrais est faible durant l’hiver. La production sera donc diminuée pour maintenir des prix élevés. Les travailleurs sont donc les premières victimes de la politique économique de l’entreprise.

En ce qui concerne le chômage temporaire, les patrons menaçaient (( communiqué de presse du banc patronal du Groupe des dix http://www.feb.be/index.html?file=4108 )) de licencier si l’on n’introduisait pas le chômage temporaire pour les employés.

Ils ont donc saisi au vol l’opportunité de la crise économique pour demander un avantage sans tenir compte des autres différences de statut.

2. Qu’en disent les médias ?

Saint Bernard Demonty versus Saint-Michel Konen

Le 30 avril paraissaient deux éditoriaux (( pour rappel un éditorial engage la rédactiondu journal, ou à tout le moins son éditeur))  sur le chômage temporaire. Le premier était rédigé par Michel Konen, dans La Libre Belgique ((Crise, employés idéologie)) le deuxième était l’œuvre de Bernard Demonty, dans Le Soir ((L’abus de crise nuit gravement à la santé des travailleurs)).

Premier élément intéressant, aucun des éditorialistes ne reprend le débat dans sa globalité ((voir point 1)). La négociation du Groupe des dix ((les plus hauts représentants syndicaux et patronaux : composé de 2 FGTB, 2 CSC, 1 CGSLB, 1 Unizo, 1 UCM, 1 Boerenbond, 2 FEB et enfin un président (FEB, lui aussi).)) n’est pas abordée une seule fois.

Deuxième élément : le chômage temporaire pour les employés est la solution pour éviter les licenciements. Outil de flexibilité à “visage humain” pour Michel Konen, avancée permettant d’éviter les licenciements pour Bernard  Demonty.

Mais le plus curieux est sans doute la structuration identique de ces deux éditoriaux. Tant le journaliste du Soir que celui de La Libre veulent présenter les parties en présence de manière neutre. En fait c’est eux qu’ils veulent situer eux de façon neutre ((et non pas objective)). Demonty et Konen placent donc les interlocuteurs dos à dos, que ce soit pour des enjeux économiques mais aussi politiques et donc idéologiques (Konen) ou parce que les arguments (…) des employeurs et des syndicats provoquent un désagréable sentiment d’abus de crise (Demonty).

Mais si l’on prend la peine d’aller jusqu’à leurs conclusions (j’ai dû me forcer), nos braves gardiens de la neutralité journalistique se laissent aller à leurs penchants patronaux en nous prenant par les sentiments. C’est que l’on voit pourtant, aujourd’hui déjà, des entreprises, en particulier des PME, prises à la gorge par la chute des commandes(…) (Konen) . Pendant ce temps chez Arcelor et dans des centaines de petites et grandes entreprises, les C4 n’attendent, pour partir, qu’un timbre-poste. Si les patrons et les syndicats s’entêtent, ils le colleront ensemble (Demonty). On notera les “aujourd’hui” et “pendant ce temps”, accentuant le sentiment d’urgence : si on n’instaure pas le chômage économique pour le 30 avril à midi, des milliers d’entreprises vont licencier dès 13 heures, hein! D’ailleurs Arcelor vient de passer une commande suspecte à la Poste. Que diable! notre tissu économique menace de se distendre, nos entreprises risquent de passer de vie à trépas.

Les différences, à présent. On a lu qu’au début de son éditorial Michel Konen agitait l’épouvantail de l’idéologie pour expliquer le blocage. Saint-Bernard le fait lui… à la fin. Aaah Saint-Bernard, ces bonnes vieilles questions idéologiques. Ces termes dénués de sens que sont “capitalisme”, “lutte des classes”, rapport de forces. Si au moins nous retrouvions un semblant d’harmonie, si nous privilégiions le dialogue au conflit, la relation à la compétition, le pluralisme au sectarisme, le bien commun à la lutte des classes et aux intérêts corporatistes ou identitaires ((Discours de Joëlle Milquet pour le congrès programmatique du CDH http://www.lecdh.be/sites/default/files/images/congres-programmatique.pdf)). Cela permettrait de résoudre cette crise économique surgie du néant ou d’un commandement divin aux impénétrables desseins à laquelle seule une authentique humaniste ((on disait chrétienne auparavant)) pourrait répondre. Si Bernard Demonty ne l’écrit pas texto, il le pense en tout cas très fort. Saint-Michel, par contre, ne s’en prive pas : la balle est dans le camp de la Ministre de l’emploi, Joëlle Milquet. Si elle réussit à faire la synthèse (…), elle aura marqué des points importants pour elle et son parti.

Une différence entre un quotidien laïc et libéral et un autre, chrétien et “humaniste”? Où ça ?

Conseil musical : le 14 mai, P.J. Harvey et John Parish étaient en concert à l’Ancienne Belgique. Voici donc Leaving California, de leur dernier album : A Woman A Man Walked By

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/leaving_california.mp3]

Le Soir et La Libre ou L’aube d’un Diktat (première partie)

Ceci est la première partie, d’un article consacré à la vision des enjeux sur le chômage économique des employés par La Libre Belgique et Le Soir. Mes recherches m’ont ainsi amené à remarquer les deux notices wikipedia consacrées aux deux grands (en termes de lectorat uniquement) quotidiens généralistes francophones de Belgique. sans lien avec le chômage économique, je n’ai pu résister à l’envie de vous présenter ces deux curieuses notices.

Lancé dans un projet en lente gestation d’information indépendante, la fausse objectivité ou impartialité de nos grands médias ne cesse de m’interpeller. Parti du projet de la mise en évidence de la pensée unique dans deux quotidiens  francophones du pays, Le Soir et La Libre Belgique, j’ai débuté mes recherches par un passage vers Wikipedia, pour y trouver quelques références de départ. J’ai été très surpris de constater que les “notices” Wikipedia présentent Le Soir et La Libre Belgique d’une bien curieuse manière.

Pour Le Soir, si ce ne sont les chiffres de tirage et de lectorat, les seules sources utilisées pour la rédaction de la notice sont ce que pense la rédactrice en chef du quotidien. Je vous laisse le soin d’apprécier la force de caractère du Soir telle que présentée par Wikipedia :

Réaffirmée à l’occasion de la sortie de la nouvelle formule, le 15 novembre 2005, la ligne éditoriale du Soir le pose en tant que “quotidien progressiste indépendant”. Il se veut, selon sa rédactrice en chef, Béatrice Delvaux, “contrepouvoir”, “à l’écoute, en phase avec la société”, “populaire, par opposition à un quotidien de l’establishment”. “Le Soir ne sera pas un ventre mou, écrit-elle. Il mènera des combats et sera tranchant, avec la publication chaque jour d’une page donnant son opinion, reposant sur une colonne vertébrale: la poursuite farouche du progrès. Le Soir est progressiste. Résolument, profondément, irrésistiblement. Partisan… du progrès social, politique, économique, farouchement attaché à la volonté de faire bouger la société vers un idéal correspondant aux valeurs du journal”. “Un Soir de combat pour les droits de l’homme et de la femme, le respect de la dignité humaine, la liberté d’expression, la tolérance, la multiculturalité, la différence”. “Le Soir” ne se veut ni de droite ni de gauche: “Nous devons au contraire refuser toutes les étiquettes politiques qui corsètent, embrigadent, mettent des œillères, créent des tabous. Il peut y avoir du conservatisme à gauche et du progrès à droite: c’est notre capacité à le reconnaître le cas échéant, en suivant la seule trame de nos valeurs, qui nous permettra d’être extrêmement libres dans notre travail, d’être justes dans nos exposés des faits et nos analyses, d’êtres crédibles car non inféodés à des organisations (…) ou aux hommes et aux femmes qui les composent”.

Tout ça est très novlangue, tout de même. M’amusant à taper les termes suivants en recherche “belgique” dans google : [ contrepouvoir progressiste “progrès social” “dignité humaine” multiculturalité] je n’ai eu que… trois résultats de recherche. mais un de ceux là était le programme du… Parti Socialiste pour les élections législatives 2007 ((tout de même une brique de 305 pages; contrepouvoir apparaît une fois, progressiste 9 fois, progrès social 4, dignité humaine 5, multiculturel 6 (o occurenes de multiculturalité)). Troublant.

Pour La Libre Belgique, le référencement est plus amusant. On y retrouve bien sûr les chiffres du CIM pour l’analyse de lectorat et… une source externe décrivant le journal :

La Libre Belgique fut longtemps à forte tendance catholique, avant de s’ouvrir vers d’autres points de vue en 1999. Dans les années 1970, Jean-François Bastin évoque le « phénomène La Libre Belgique », qu’il présente comme un journal à caractère national, catholique, monarchiste, qui fait de la polémique et a quatre cibles privilégiées : les syndicalistes, les gauchistes, les fédéralistes et la RTBF.

Mais qui donc est ce Jean-François Bastin ? L’architecture wikipedia nous fournit un lien immédiat mais il manque de sens puisque ledit Jean-François Bastin est… allez-y cliquez sur ce lien.

Oui, oui, c’est bien lui

En réalité, il est possible que l’auteur de la phrase était soit Max Bastin (issu du Mouvement Ouvrier Chrétien) soit Jean-François Bastin (un réel homonyme, documentariste à la RTBF). Ou encore que le fils ait le même prénom que le père. Ce qui ne change rien à l’erreur.

Autre problème : nous n’avons aucune idée de l’éventuelle vision plus récente de La Libre Belgique. Mais si l’on en croit Jean-Jacques Jespers, professeur de journalisme à l’ULB, On constate aussi une homogénéisation des choix rédactionnels – Le Soir et la Libre Belgique ont le plus souvent la même manchette, sinon le même titre – et une dépolitisation des contenus, l’information politique ayant souvent la réputation d’être ennuyeuse ((intervention réalisée lors d’un colloque sur les médias en mai 2005 à l’occasion du 175è anniversaire de la Belgique et que l’on peut retrouver en intégralité sur l’ancien portail 175-25)).

Aaah c’est dommage cette réponse si tranchée de JJJ :-). Comme pour Le Soir, j’aurais bien lancé une autre petite recherche google. Pour savoir si les mots-clés descriptifs de La Libre Belgique auarient été étiquettés CDH, MR, PS ou Ecolo. Ou bien les 4.

En attendant la suite de ce billet, consacrée à deux éditoriaux sur l’introduction du chômage économique pour les employés, voici quelques références utiles pour savoir ce que “pensent” La Libre et Le Soir.

1.  R. CAMPE, M. DUMON et J.-J. JESPERS, Radioscopie de la presse belge, Verviers, 1975.

2. J.-Fr. DUMONT, B. GREVISSE et G. RINGLET, La presse écrite en Belgique, Diegem, 1998.

3. E. DE BENS, De pers in België. Het verhaal van de Belgische dagbladers. Gisteren, vandag en morgen, Tielt, 1997.

Mieux vaut parfois lire que se fier à Wikipedia, dont les ennuis de fiabilité sont abordés dans un article de l’édition d’avril du Monde Diplomatique.

Conseil musical : il s’agit d’une petite découverte (je ne remercierai jamais assez la médiathèque). Le compilateur et remixeur de ce cd CD est DJ Spooky. Il a édité un album en 2008 ,Sound Unboud, dont le site spécifique est ici. La démarche consiste à méler musique et information. Et d’évoquer le rôle du son et de la musique dans une société basée sur l’information. Dans le sens d’information, il s’agit de passages audio de différents artistes, écrivains, philosophes, ingénieurs du son, etc. L’intégralité n’est pas à écouter attentivement mais plutôt d’une oreille distraite, attirée ponctuellement par un “morceau” ou un autre. C’est ainsi que je vous fais écouter, même si l’album  a plus de valeur d’une traite, une Fanfare Savale qui reprend du Maïakovski ainsi que la dernière plage de l’album ou Iggy Pop lit du William Burroughs. Sonic Youth est également remixé une fois sur ce CD :-).

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dj_spooky_fanfare.mp3]

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/dj_spooky_iggy_pop.mp3].

Hommage à Freddy

A deux jours du Premier Mai 2008, le bourgmestre PS de Bruxelles, Freddy Thielemans, s’illustrait pitoyablement. Alors que des sans-papiers exerçaient leur droit de manifester, l’édile communal cautionna leur arrestation ((Malgré les promesses politiques de ne pas procéder à l’arrestation de personnes exerçant leurs droits constitutionnels, http://www.mrax.be/article.php3?id_article=604)) par la police. Pour une personne sans-papiers, sans existence légale (( comme si on pouvait légaliser l’existence)), franchir le pas de la clandestinité individuelle vers une manifestation collective pour obtenir des droits ((à l’existence, précisément; au travail et à la sécurité sociale; à la fin de la peur et de la précarité)) représente un acte de courage remarquable. Chaque clandestin sait qu’il s’expose de la sorte à une arrestation, à un passage vers un centre fermé et à l’expulsion. Se faire arrêter est autre chose que 12 heures de détention dans une cellule puant l’urine. Bien souvent, c’est l’assurance de revoir ses bourreaux le pied à peine posé sur le sol de son pays d’origine.

Deux jours plus tard, le bourgmestre bruxellois se faisait copieusement huer au Premier Mai FGTB de la Place Rouppe.

Crédits photos Pierre Capoue http://pierrecapoue.blogspot.com

.

Mais en ce Premier Mai, c’est plutôt un hommage que je voudrais rendre à Freddy. Socialiste dans l’âme, membre de la FGTB, affilié aux Mutualités socialistes et encarté avec difficulté au PS, il s’agit pourtant d’un autre Freddy. Mais à un an d’intervalle, il a aussi chamboulé mon Premier Mai.

J’étais aujourd’hui désappointé et déçu des diverses manifestations prévues à Bruxelles pour ce Primo Maggio. D’un côté, un Premier Mai de Lutte ((d’où se sont finalement retirées de nombreuses organisations)) où l’organisateur principal aux louables objectifs utimes, demeure, c’est désespérément classique, ancré dans une analyse arriérée, et de la société et de sa constituante militante. De l’autre, un Premier mai des sans-papiers dont les initiateurs tiennent une analyse remarquablement juste mais qui évitent soigneusement de… revendiquer quoi que ce soit. Entre les deux, une Fédération Générale du Travail de Belgique qui préfère les concerts Place Rouppe et se refuse à comprendre que l’époque est au combat contre le capitalisme et pour les travailleurs et pas aux concerts bourgeois bohèmes.

Dès lors, autant me balader à vélo sur les chemins de halage en tentant de rejoindre Charleroi. Peut être le Premier Mai y sera-t-il plus dur.

Et me voilà parti pour le Pays noir. Sitôt Hal dépassée, les alentours du canal deviennent plus sauvages et sont paradoxalement les troublants témoins d’une histoire et d’un présent ouvriers.

Je longe les anciennes installations des Forges de Clabecq où, signe des temps, un grutier y débarrasse de la ferraille en ce jour des travailleurs. La veille, le patron de Duferco Clabecq ((le nouveau nom des Forges)) annonçait un plan de réorganisation, officiellement sans licenciements secs mais avec des postes de travail en moins. On y croit, tiens.

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/JP-2009-04-30-19h.mp3]

(JP de 19h de la première radio le 30/04/2009)

Un peu plus loin, à Virginal, se profilent les papeteries Arjo-Wiggins. Elles aussi sont touchées par la crise et les travailleurs sont obligés ((http://www.lalibre.be/actu/brabant/article/488038/quel-avenir-pour-arjowiggins.html)) de croire à une reprise. Mais à quel coût  ? Attiré par les alentours de Ronquières, où là aussi on préfère se délasser le Premier Mai. Un peu par hasard finalement, musardant dans le pays à la recherche de côtes à gravir, je me retrouve à l’entrée d’Ittre, un pneu arrière crevé.

Et arrive Freddy. Pull troué de toute part, bleu de travail à la braguette ne fermant plus très bien, chaussettes noires dans des sandales usées du même ton. Il s’occupe sans doute à quelque bricole. Soixante-cinq ans, environ. Un peu rapetassé mais pas courbé sur lui-même, encore trapu. Avec un accent qu’on ne trouve que chez certains travailleurs de la région, un accent qui roule chaleureusement les “r”, qu’on sent remonter du bas de la gorge jusqu’au palais. Il me propose de l’eau fraîche, me parle des cyclistes qui s’arrêtent souvent devant chez lui après la montée. La discussion s’amorce. La pause est salutaire.

Je viens de Bruxelles et suis originaire de l’autre bout du Brabant, lui apprend-je. La géographie nous amène vite à évoquer sa région, aux confins du Brabant-Wallon.
– Là-bas à Ronquières c’est le Hainaut, me dit-il et Virginal est à la limite.
Ah les papeteries… Les travailleurs ne rigolent pas pour l’instant. Je lui avoue suivre le dossier de loin.

Lui aussi. Je vais à chaque fois au conseil communal. Je ne suis pas sur les listes, hein. Et le problème avec les papeteries c’est qu’elles ne font que du papier autocopiant ((une sorte de papier carbone)). Maintenant qu’il y a les ordinateurs c’est dépassé et ils ne se sont pas adaptés.
Et avec les Forges en déclin, c’est toute la région trinque.
J’y ai travaillé aux Forges. Et je suis affilié FGTB depuis 1959. chez les Métallos, hein
J’y travaille à la FGTB, camarade.
Et de me confesser qu’il ne sait pas pour qui voter, que le PS, ça ne va pas. Après la Californie de José Happart, là. Deux jours de mission parlementaire pour prendre des vacances après. Et en Californie en plus. Il y a bien le PTB, hein, mais…
Que lui dire ?

Ben à gauche il y a d’autres petites listes. Il n’y a pas que le PTB. La LCR est dans une alliance intéressante, par exemple. Et puis, il y a le frère de Roberto D’Orazio qui se présente aussi aux élections européennes sur la liste CAP D’Orazio.
Intéressé, Freddy va y réfléchir à ces petites listes. Satisfaits, on se donne du “camarade”. Notre Premier Mai est sauvé.

Mon vélo, pas encore. On se serre la main. Il s’en va. Je m’attaque au remplacement de la chambre à air.

Retour 10 minutes plus tard.

– Tiens. Voilà une Jupiler. J’en buvais une là devant les informations et je me suis dit que je pouvais bien te donner un rafraîchissement. Et ça  donne de l’énergie. (court silence) Je suis déçu, j’ai regardé le Premier Mai, là. Di Rupo avec son nœud papillon. Et à Jodoigne avec Louis Michel. Rhôô lala. Nulle part on n’a chanté l’Internationale. Sauf à un endroit.
A Liège ?, je tente.
A Liège. Eh, je te donne une bière qui vient de là hein! De la bière wallonne.
Je la dégoupille avec plaisir.

– Je vais regarder ça de plus près, les petites listes, c’est intéressant. Di Rupo, je n’y crois pas.
Ben tiens, il a privatisé Belgacom
Sans parler de la  Sabena. Dans la région c’est Flahaut. Un gros cou celui-là avec un double menton. Il est partout. Ou bien Michel de Wolf, le sportif. Son affiche est toujours à côté de celle de Flahaut. Mais lui, il est quand même plus à gauche.

Et on a causé, comme ça, sans tenir compte du temps. Partageant la même aversion à l’égard des curés et porteurs de crucifix, ces vieilles ganaches ensoutanées, comme on dit à l’ULB. Parce qu’il y a étudié à Bruxelles : commençant médecine, il a finalement opté pour la physique de la métallurgie. On se resserre la pince, une fois puis deux.

– Tu seras toujours le bienvenu me dit-il en guise d’au revoir.

– Je reviendrai
J’aimerais bien l’avoir pour maïeur, Freddy.

PS :
Cher Freddy, je te transmettrai ces lignes dès que je repasse dans le coin. Je viendrai sans doute avec deux chopes, qui seront moins fraîches que les tiennes après 30 bornes à vélo. Mais c’est l’intention qui compte, comme on dit. C’est que j’ai deux choses à  me faire pardonner, camarade.
D’abord, je dois t’avouer que je vote nul. Le moment n’était pas propice pour te le dire, ton casier de Jupiler y serait passé et je ne sais pas comment j’aurais évité de verser dans l’eau du canal sur le chemin du retour.
C’est que c’est dur d’expliquer sa position à quelqu’un qui a pu voir que le PS (ou plutôt le POB avait un sens) à un moment de son histoire. Rappelle-toi, nous avons aussi parlé de la grève contre la loi unique et tu as sûrement vécu une partie de la guerre scolaire et de la Question royale. Et le PC aussi avait du sens à cette époque.
Je voudrais te dire, camarade, que le suffrage universel nous a été confisqué. Que nous votons mais que nos élus appartiennent à une “élite”, les guillemets s’imposent, qui  sous couvert de beaux discours et de caresses dans le sens du poil a accepté le capitalisme depuis longtemps. Et en profite. Et que les petites listes n’ont pas beaucoup d’autre ambition que de symboliser un sursaut, un mouvement protestataire. Mais pas de renverser le pouvoir en place pour le socialisme. Voilà c’est très vite dit. Mais j’espère que nous aurons l’occasion d’en recauser un jour.
Mais, camarade, quel que soit ton choix, je ne peux que le respecter. Tant au fond de toi qu’à l’extérieur, tu as le cœur à gauche et tu continueras à te battre. Moi aussi je lutterai.
A bientôt.

Enfin, j’ai l’habitude de boire de la Maes. Mais ne t’en fais pas: la Jup’ me convient très bien aussi.

PPS : je lirai Jacques Monod, et Le hasard et la nécessité

Conseil musical : Miossec, pour ce que ni lui ni moi ne voulons devenir avec On était tellement de gauche

[dewplayer:http://a.plume.et.a.poilsurle.net/wp-content/musique/miossec-on_etait.mp3]