Mieux vaut un patron de droite qu’un saint-patron de gauche ?

Business FM porte décidément très bien son nom

Il est environ 19h, Henri Grouès aka Abbé  Pierre est encore chaud. Fabrice Lundy interviewe le (de mémoire) directeur de  Paris-Match.

“Et vous savez de combien vous allez  augmenter le tirage ?”

“Nous déciderons ça ce soir, mais ça  devrait tourner autour de 20% de hausse.”

Brutal, honnête, efficace. La droite  décomplexée comme on dit. Non franchement, au moins c’est clair.

Qui plus est,  cette radio libérale s’avère régulièrement intéressante, notamment pour parler du chiffre d’affaires d’Emmaüs : 117 millions d’euros et la boîte fait du bénéf. C’est pas mal d’analyser une entreprise caritative sous l’angle entrepreneurial (vous m’excuserez pour ce vocable présentant l’odieux patronat comme soucieux d’entreprendre)

Et cela étant, passer ce type d’informations sur Bel-RTL à 7h du matin pourrait aussi avoir son utilité :

Fabiola est morte dans la nuit, blablabla. Ce soir, dans un Place Royale  spécial, Anne Quévrin reviendra sur la personnalité de la Reine

serait remplacé  par :

La reine Fabiola est morte cette nuit. Nous escomptons un return publicitaire  en hausse de 35% durant la journée. Ce soir, nous reviendrons sur les relations  financières qu’entretenait  Fabiola avec les ligues anti-avortement.

Si vous voulez continuer à écouter BFM  : L’émission Le Grand Journal du 22  janvier sera prochainement podcastable sur le site de BFM.

Par contre, le site de Paris-Match s’avère très  décevant : pas de photo de l’abbé, rien du tout. Juste Delon, Darc et Merkel

Si vous voulez continuer dans l’anticléricalisme facile, allez voir ça sur le site de TF1. Ouais, le titre est vraiment approprié.

Conseil musical de l’heure : Je suis à l’instant en train de découvrir Joan as Police Woman et leur album Real life. Un groupe que je ne sais pas classer musicalement, et c’est tant mieux. Donc je vais dire un groupe folk, c’est LE terme passe-partout avec pop/rock.

Bonne mais conne…………soirée

 

Mais qu’est-ce que c’est que cette boîte !!?
On m’en avait parlé en bien, jamais en mal. Que tout le monde y faisait la fête en reprenant :

Et tu chantes chantes chantes ce refrain qui te plaît

Et tu tapes tapes tapes c’est ta façon d’aimer”.

Z’avez deviné ? Ben oui, samedi soir c’était “Claridge” ou “Chez Johnny”. Bref s’éclater sur les vieux machins de ta jeunesse que t’étais peut-être même pas né et que ta jeunesse d’ado c’était plutôt Bérurier Noir et Bob Marley. Début de soirée, c’était plutôt la révélation de tes 30 ans au bal du bourgmestre d’Evere.

Pas que nous avions particulièrement envie de nous rendre au Claridge, non (quoique, j’ai des doutes vis-à-vis de certains). Mais nous nous sommes faits refouler (honte) du Mirano. Pire que ça, il n’y avait pas un chat (honte totale).

Apparemment on puait le cigare, que certains avaient dégusté au Beursschouwburg en avant-soirée, tandis que la seule fille célibataire de la soirée s’était barrée vers Marche-en-Famenne(faudra me l’expliquer celle-là : Marche-En-Famenne serait elle devenue le Ibiza wallon grâce au plan Marshall ?). Mais quatre mecs et deux filles, ça aurait dû pouvoir passer quand-même. Plus certainement, improviser un Mise au Point spécial “Mirano ou Claridge ?”devant l’entrée de l’hôte des Dirty dancing, ça n’a pas plu aux sorteurs (toujours susceptibles ces sales bêtes).

 

 

Introduction : “- c’est là le Mirano?”
– ben oui
– et on va où ? Là ou Chez Johnny
– Guéric et moi de concert : Roooooh putain! pas chez Johnny! Y a Compuphonic au Mirano
– ben oui mais moi j’aime pas l’électro
– Moi : désolé mais Claude François Alexandrie Alexandra, je vais pas en boîte pour ça
– Guéric : Bon allez, on va au Mirano
– sorteur baraqué, vérolé et rasé de près : vous avez votre carte de membre ?

 

Connard de connard de videur!!! Merde de merde!!! Y a jamais eu de carte de membre!!! Existe pas ça les cartes de membre.

Règle de base pour rentrer quelque part quand il y a un portier : tu dis bonsoir, tu dis rien avant, tu dis rien après, tu te rabaisses pas, tu frimes pas. J’ai pas encore trouvé de truc aussi stupide que ce code d’attitudes proche des relations entre maton et prisonnier.

Et après une négociation aussi vaine que les échanges diplomatiques USA / Corée du Nord (j’ai la bombe je t’emmerdes*), direction le Claridge.

Parce que, généralement, quand t’as une belle boîte bien nette, t’as toujours un dessous-de-boîte pas épilé à côté (oui, oui j’y tenais à celle-là). Entrée moins chère, sorteurs moins portes de prison, musique Macumba et éventuellement gogo dancer pour montrer que le troquet avec boules à facettes a de la personnalité. Faut bien racoler le rebut du Mirano, alors un malin a inventé le Claridge. Au Mirano, tu ne trouveras jamais quelqu’un qui s’est fait jeter du Claridge. Par contre, nous étions de dignes représentants de l’inverse.

En substance, je commençais à me demander pourquoi nous n’étions pas restés au Beurs. Parce que là…

Dès l’apparition du DJ (Disquaire à Jeter), lancement de la “Chenille qui redémarre”. Vous avez déjà fait la Chenille, vous ? C’est absolument ridicule mais absolument amusant aussi. Et ça permet de chauffer un peu tout le monde. Du moins si c’est contextualisé. En rapport avec la situation, quoi. C’est à dire lors d’un bal de village où les personnes de 7 à 77 ans participent à la farandole et que pépé doit un peu s’émoustiller. Là où on saura seulement dans trois mois que James Brown est mort. Là où on est fier de montrer son intégrale de compilations thunderdome. Là où on écluse des “cheval”, des péquets à 2€ et de la Chimay bleue à 1,50€.

Mais on fait pas ça dans une boîte (ou alors c’est pas une boîte). Là où la mort de James Brown génère un deuil de trois jours. Où les moins de 16 ans ne sont (théoriquement) pas admis et ou les 2×20 n’osent plus rentrer de peur d’y trouver leurs rejetons. Où on écluse des Vedett, des Vodka-redbull à 8€ et de la Pécheresse à 6€.

Mais chez Johnny c’est pas comme ça. On vient pour “s’amuser avant tout”, profiter de “l’ambiance décontractée” et de l’absence de dress code, pour retrouver les tubes de sa jeunesse (cf. définition plus haut). Et pour payer 8€ son infâme liquide rose. Et j’ai essayé. Sincèrement. J’ai dansé sur la Chenille, ai feint de m’extasier sur 2 Unlimited. Mais ça n’a pas fonctionné. Je préfère sortir à la kermesse. C’est bien la kermesse. Non, franchement. Et c’est moins cher aussi.

Donc vous qui allez au Claridge et vous imaginez tendance, décomplexés et tout le machin, vous avez en fait les fesses trop coincées que pour vous déhancher sur la Chenille dans les bacchanales popus avec DJ Kevin. Non, il vous faut une discothèque, là où s’qu’il y a des marlboro menthol et pas du tabac johnson. Vous devez absolument trouver des gens comme vous pour refaire toute la chorégraphie des Clodettes. Il vous faut un vase clos, tout isolé, tout fermé du reste du monde.

Moi, le Claridge, je n’y vais plus. Fini, basta. La prochaine sortie ce sera soit à Marche-En-Famenne ou dans un autre bled pour vider les derniers vins chauds et chanter ce refrain qui me plaît, soit au Mirano.

Remémoration de la playlist du Claridge le 23/12

Mory Kanté (Ten cola nuts) / Claude François (Alexandrie) / Real to real (Move it) / 2 Unlimited (?) / Snap (Rhythm Is A Dancer) / Faithless (God is a DJ [en ultra accéléré, s’il vous plaît]) / Eiffel 65 (Blue) + 10 minutes pseudo rock (chaque morceau étant coupé après une minute): Nirvana, RATM, Nada Surf, Cranberrries, Oasis. J’vous jure.

* au moins un qui a compris ça, tiens

 

NB : alors cette fois, ce sera… Uh Uh Her de P.J. Harvey

Prolétaires de tous les Parvis…


Cinq ans que je vais au Louvre. Pas le musée, non. Celui-là, je ne l’ai plus vu depuis dix ans. Je l’avais parcouru une fois. Sans regarder et très vite. Et une deuxième, juste très vite. Mon Louvre, il est bien plus petit, mais je m’y arrête. Pourquoi ne pas entrer. Au premier abord, ça ne paie pas de mine, c’est moche et sans personnalité. Mais c’est gratuit alors qu’ailleurs on fait la file, donc franchissons le pas de porte. Et puis, il n’y a pas de boutique souvenir à la con, avec ses t-shirts de la Joconde, ses catalogues de luxe et ses affiches pas trop chères façon “remember Boticelli dans ta chambre”. Les souvenirs, à mon Louvre, je les emporte pour rien. Et même plus petit, ses collections sont fabuleuses.

Le plus grand département : les expressionnistes. Des figures souffrantes ou souffreteuses, parfois marquées par l’alcool. Les traits sont exagérés, gonflés, boursouflés. Rouges de rage parfois. Gris de dépit souvent. L’art pauvre est également au programme avec des échafaudages faits de cartons de bières, de cuillères en alu, de vieux mégots fumés jusqu’au filtre, d’un gant délaissé, de journaux plusieurs fois relus. Enfin, on peut y admirer un peu d’avant-garde russe*, perdue parmi les masses, qui côtoie des réalistes socialistes. Les seconds n’ayant finalement pas étouffé les premiers.

Mais toutes ces oeuvres ne sont pas figées. Les statues bougent et sortent de leur torpeur. Elles tournent la tête, agitent le doigt, lèvent le coude. Plus tard, c’est tout le corps qui se mettra en mouvement. Après une bière, faut bien aller pisser.

Le Louvre, c’est mon café et celui de tout le monde. Au Louvre, on ne respire pas, on fume. On n’écoute pas de musique, on subit Joe Dassin. On ne boit pas, on aspire.

Anciens taulards reconvertis en minimexés, nouveaux minimexés pas encore taulards, minimexés et chômeurs tout court parce mon amalgame est débile. Supporters de foot quand l’Italie joue parce que le patron est originaire de la Botte. Vieux Marocains sirotant leur café. Quidams égarés qui veulent s’abriter de la pluie. Dragueurs magistraux mais gueules cassées. Galériens abrités le temps d’une nuit par le réactionnaire clos Sainte Thérèse, 50 mètres plus loin. Vendeurs sénégalais spécialisés en fausses Rolex ou en DVD hollywoodiens pirates. Colporteurs pakistanais de briquets-lampe de poche, de chapeaux de Noël à diodes clignotantes, de perroquets sur pile, de gsm-jouets.

Le Louvre, c’est le café des virés du Parvis de Saint-Gilles. Ceux qui se sont fait jeter de l’Union par le sorteur à la main lourde, parce que pas bobos. Ceux qui ont foutu le bordel au Verschueren, ceux qui n’aiment pas les changements de direction trimestriels des Brasseries du Parvis. Bref, c’est le rade de la dernière chance. Ejecté du Louvre, tu n’écluseras plus nulle part.

Mais, en vérité, je n’en ai pas encore vu un se faire virer du bistrot. Parce qu’on y est bien, qu’il fait chaud, que Joe Dassin ça fait rire, que tout le monde parle, crie, chante et boit à l’unisson. Parce que le serveur et la serveuse savent qu’il n’y a vraiment pas de raison pour foutre quelqu’un dehors.

Le Louvre, j’aime.

* Note intello : le lien renvoie vers la page Wikipedia “constructivisme”. Il ne s’agit que d’une des facettes de l’avant-garde russe.

NB : conseil musical de ce soir… ce n’est pas Joe Dassin. Mais plutôt Hallo Kosmo

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