La médiathèque est en danger

Entre 14 et 18 ans, tous les samedis matin, je me rendais devant le bureau de poste de Jodoigne. Un grand camion jaune faisait office de boîte à musique géante. C’est grâce à lui que j’ai pu échapper aux sirènes de “Dix qu’on aime” et découvrir une autre musique, ou plutôt des autres musiques puisque l’explosion des genres et des classements est à la mode.

C’est bien le Discobus qui m’a permis d’écouter mes premiers Bob Marley, de passer en boucle One Foot in The Grave de Beck, de perpétuer l’esprit punk en enregistrant The Exploited ou U.K. Subs, sur de vieilles cassettes pourries*, lui qui a amené dans ma campagne profonde Bérurier Noir, Assassin, IAM, NTM, Naughty By Nature, Banlieue Rouge, Ice-T et Bodycount, Molodoï, Public Enemy ou comment découvrir les odeurs de brûlé des lointaines banlieues, habitué qu’on est aux puanteurs du lisier.

Arrivé plus tard à Bruxelles, j’ai ensuite fréquenté la médiathèque de l’ULB, puis celle du Passage 44. Je me suis découvert des sympathies pour la techno, le jazz, l’électro-clash, l’asian underground, l’afro-beat, la musique arabe, le funk, le blues, la trip-hop, ai réécouté mes classiques du rock, suis devenu fan de Polly Jean, Jimi, Patti, Neil, Iggy, me suis égaré à maintes reprises dans ses rayons. Et n’en suis toujours pas revenu…

Si je vous envoie plein d’infos pour des concerts, que je râle sur le public du Bota, que je trépigne à l’avance à l’idée de voir le P-Funk, que je trépigne quand je vois !!! (chk chk chk), que j’espère trépigner pour Patti Smith après-demain, que je vous donne prétentieusement des “conseils musicaux” agrémentés d’une possibilité d’écoute, je le dois à la Médiathèque. Enfin, la Médiathèque vous évite aussi de me voir devenir monomaniaque de Vive la Fête 🙂

Aujourd’hui, la Médiathèque est en danger. Son personnel aussi, son patrimoine de même. De fait, c’est l’accès à la culture pour tous qui est remis en question. A la Médiathèque, chaque artiste est mis sur un pied d’égalité avec les autres, des inconnus bénéficient ponctuellement d’un éclairage thématique, les médiathéquaires sont disponibles pour nous conseiller, l’inscription est à perpète, le moindre bled a accès à un Discobus. C’est finalement l’inverse de ce qui devient “le marché musical” internet, pourtant son principal concurrent.

Aujourd’hui, il y a une première chose à faire. Je déteste les pétitions, mais le secteur non-marchand dont je fais partie n’a pas encore mis les scouts en grève. Alors, une pétition c’est déjà beaucoup, pour une fois.

Vous pouvez la signer ici ou dans toutes les médiathèques de la Communauté française.

* Oui, je sais qu’on ne peut pas

Et donc le conseil musical est ce qui fut une de mes premières découvertes via le Discobus. Punk ou rap, j’ai opté pour vous filer un bon titre punk bien méchant, bien basique : The Exploited avec Fuck the USA :


Comments

  1. cAt
    June 9th, 2007 | 19:39

    Si tu fais toujours ça sur de vieilles cassettes pourries, je crois que tu peux même envisager la médaille 😉

  2. June 9th, 2007 | 23:27

    Note: tu devrais faire un rappel la semaine prochaine… elle est pas encore en ligne…

  3. June 10th, 2007 | 21:03

    Hmmm… je me demande si je suis sur liste noire…
    J’ai jamais rendu “Abbey Road”.
    😉

  4. June 12th, 2007 | 0:45

    Cher Julien,

    J’aime bien quand tu parles. Même si on ne commence jamais une lettre par “je” et que ceci n’est pas une lettre.

    Puisse Sandra Kim reposer en paix au fond d’un fût rempli de graisse à frire les Poulycroks®.

  5. June 12th, 2007 | 14:05

    La réponse est 3. En 3 après lui même, Jésus a sept ans. Il a déjà réalisé ses premiers miracles (cf. L’évangile de l’enfance selon Pseudo-Thomas [authentique]), en tuant un de ses maîtres et un gosse qui avait eu le malheur de se ficher de lui, en aveuglant son second maître et en faisant voleter douze petits oiseaux en argile.
    Comme cela ne suffit pas à le rendre célèbre, Jésus décida de fonder un groupe musical avec ses petits camarades de la chorale de la Synagogue du Chérubin castré. André, Thomas, Philippe, Simon (qui prendra le pseudonyme de Pierre), Jean, Judas et tous les autres firent rapidement un tabac (sauf que le tabac n’avait pas encore fait son apparition sur les rives du Jourdain, alors ils firent un haschich) dans les Bar Mitzva de la région.
    Et comme ça marchait pas mal, ils décidèrent de graver leur premier disque en argile (il paraît que c’est possible).
    malheureusement, ils ne furent jamais reconnus par la Médiathèque de la Communauté française.
    Jésus, rancunier, jura: “je me vengerai.”
    On sait ce qu’il en advint…

    Oui, bon, je sais, c’est un peu tiré par les cheveux… Mais je m’en fous…

  6. Anne
    June 14th, 2007 | 12:15

    Je profite de ton blog pour transmettre un message à Un Homme. J’ai un truc très bizarre sur mon ordi avec son blog, le texte se décale petit à petit vers la gauche et je finis par n’en voir la moitié (et donc pas non plus le calcul pour pouvoir écrire un message). C’est quoi ce mystère de l’informatique?
    Sinon, pour la médiathèque, la pétition est toujours pas en ligne. Donc on doit encore attendre pour signer ou passer dans un service de prêt. Mais c’est sûr, j’y ai aussi fait plein de découvertes musicales (mais bon, en bonne bruxelloise, c’était pas avec le bus, j’allais direct passage 44)

  7. June 19th, 2007 | 14:27

    Anne: ca parait tres tres etrange… tu peux m’envoyer un screenshot eventuellement?

    Pour ce qui est de la Mediatheque, je propose que l’on confie cette perilleuse mission a Andrew Li Peng et Jedi Nike… 😀

  8. June 21st, 2007 | 18:03

    […] était temps : la pétition de la médiathèque (voir post juste en-dessous)peut enfin être signée en […]

  9. September 30th, 2007 | 21:37

    […] vous en avais parlé là. Après la pétition, que vous pouvez encore signer, le personnel de la médiathèque vous […]