Régime 3×12 (suite et fin)

Au mois de mars, j’évoquais l’euphorie du jogging, tout motivé que j’étais à l’idée de courir les 20 kilomètres de Bruxelles. Une suite de cet texte était promise, la voici. Adaptée aux circonstances.

Si le cerveau du coureur de fond est grisé par les endorphines, le mien revient tout de même ponctuellement à la réalité, inquiet : en ville, l’air ambiant est-il compatible avec le sport? Que suis-je en train de respirer ? Les particules, en plus d’être fines, quelles sont leurs caractéristiques ? Et ces histoires de métaux lourds dans l’air bruxellois (sur les conséquences d’une pollution au mercure) ? Et les “pics” d’ozone, de “pollution” (tout le contraire des verts ha ha). Et si c’est mauvais ça reste dans l’organisme ou ça s’évacue ? Et d’angoisser sur la nocivité potentielle d’une pratique sportive régulière en milieu pollué (lire ici ce document pdf).

Et de m’énerver en chœur avec ceux qui s’indignent des messages radio déconseillant aux enfants et aux personnes âgées de sortir en raison de seuils de pollution atteints ou dépassés. De me sentir certes conforté dans mes choix individuels mais de râler contre une minorité d’autres, les égoïstes, les connards en bagnole de bourgeois GTIsée, TDIsée, ABSisée, 4X4isée, climatisée et finalement si tristement banales(-isée).

M’ENFIN MAIS MERDE! Je soigne ma santé et épargne la sécurité sociale; me déplace à vélo et ne coûte donc, proportionnellement à la bagnole, quasiment rien en frais d’entretien de voirie de même que je suis statistiquement moins à l’origine d’accidents graves; je suis aussi un travailleur plus productif et enfin et même si ici c’est le fruit du hasard, mon boulot ne m’oblige pas à une navette quotidienne de 150km. Mais non. Désolé, Monsieur nous vous suggérons de n’entretenir ni votre esprit ni votre santé. Nous vous “déconseillons” de courir.

Mais quelle folie collective…

Et en fait de folie collective, il s’agit plutôt d’un mode de vie capitaliste et donc consumériste défendu et encouragé par l’ensemble des partis politiques traditionnels (ecolo compris). Les gens, l’opinion publique, la masse, elle, ne demande pas mieux que d’économiser les centaines d’euros mensuels que lui coûte directement la bagnole dès lors que l’infrastructure publique en transports en commun suit. Ben non! L’industrie tourne, les gens se crèvent pour y aller et y rester, c’est ce qui compte. Loin de moi l’idée d’être décroissant, je me borne ici à constater.

Toujours est-il que je n’ai pas couru les vingt kilomètres de Bruxelles. Dix jours après avoir écrit la première partie de ce texte, j’ai dû arrêter de courir (et ne refais pour l’instant que du vélo), une douleur me faisant boîter. Le diagnostic est survenu quelques jours plus tard : j’avais un caillot de sang, une thrombose veineuse superficielle. Ce type de trouble, m’a dit mon médecin de la Maison médicale (là aussi j’épargne pour la Sécu) touche normalement les catégories de personnes suivantes : celles qui ont eu un traumatisme physique important, les fumeurs, les personnes âgées et celles qui, plus généralement présentent des problèmes de circulation sanguine. Interpellé par la survenue d’un tel type de pathologie chez un jeune sportif comme moi, mon médecin ne trouve actuellement pas son origine. Entretemps, une dépêche Belga du 20 mai, reprenant le Journal du Médecin dit ceci :

Le Journal du Médecin évoque dans sa livraison de ce mardi une étude réalisée par des chercheurs de la “Harvard school of public health” (Boston) et parue dans les “Archives of Internal Medicine”.

Cette étude démontrerait que l’exposition aux particules fines (PM10) augmente le risque de thrombose veineuse profonde (TVP). Elle a été réalisée en Lombardie, une des régions les plus polluées d’Europe. Les auteurs ont suivi 870 patients ayant présenté une TVP entre 1995 et 2005 et ont calculé l’exposition de tous ces sujets aux PM10 au cours de l’année qui a précédé l’accident. Selon les auteurs, le risque de TVP augmenterait de 70 pc pour chaque élévation de 10µg de PM10 par mètre cube d’air. Extrapolation menée par le “Journal du Médecin” : en Flandre et à Bruxelles, où le taux moyen de PM10 est de 40, le risque de TVP est multiplié par 5 par rapport à la population vivant dans un environnement sain. (Belga)

NB : pas mal de documentation trouvée grâce à Green facts qui semble une asbl environnementale digne de foi (voir ici la composition de son comité scientifique).

Conseil musical : vu ma période Daft Punk et le présent post (ha ha) ce sera Alive sur l’album Homework.

Comments

  1. May 29th, 2008 | 4:39

    Et donc, toujours pas décroissant? Va-t-il te falloir une trombose majeure?

    Et dire que Sao Paulo est en train de me tuer à petits feux aussi…

  2. May 29th, 2008 | 13:41

    Attention : y a ton côté gentil-écologiste qui ressort… Mais blague dans le coin, soit tu vas habiter à la campagne (et tu changes de boulot), soit tu vends ton vélo et tu te remets à fumer. Quels choix…

    Ceci dit, à Ankara, ni de jolies industries polluantes ni de belles usines fumantes. Juste des administrations, des ambassades et des militaires. Même pas une Triple quelconque. Je ne sais pas ce que je préfère. Beuh.

  3. Julien Uh
    May 30th, 2008 | 10:15

    Je serais plutôt méchant écologiste. Un gentil écolo c’est celui qui te balance que le développement durable va tout régler 😉
    Pas de Westmalle? Même pas de Belges qui ont ouvert leur brasserie ? Rhôô ça doit être dur

  4. May 30th, 2008 | 13:52

    Oui ben moi je n’ose pas courir à cause de ça (par fainéantise aussi, mais vraiment j’ai l’impression que courir dans bruxelles ne doit pas être mieux que fumer des clopes).

  5. May 31st, 2008 | 0:01

    GLOUPS!!!

    Je me sens mal, là tout d’un coup.

  6. June 1st, 2008 | 14:00

    Pour paraphraser Renaud (le chanteur) :

    “Prendre la bagnole,c’est trés dangereux. la respirer aussi,un peu”

    moi ce qui m’enerve aussi,c’est les pots d’échappements plein gaz dans le nez de mes moutards (qui sont à la mauvaise hauteur et je ne suis pas tellement plus haut 😉 ) au passage piéton…