Sunday, 7 January 2007
punk is dead
Oui l’épisode 2 n’est pas encore paru.
Non, je ne me prends pas pour George Lucas, les seuls effets spéciaux que je connaisse sont ceux de la Westmalle Triple.
Scène 3 : Punk Is dead
1er janvier 2007, 03h30. Après la pluie, en attente du bus N quelque chose, censé nous transporter au centre-ville, Ariane, Guéric et moi, seuls rescapés du réveillon Nono/Lolo.
Bien entendu, les horaires “spécial 2007” ne sont pas placardés. Il eut fallu que l’amateur de transports en commun les apprenne par cœur. Ou se trimballe une cinquantaine de pages imprimées à la hâte sur une vieille deskjet à la cartouche tout aussi sénescente. Et surtout que, passablement imbibé, il n’oubliât pas son indigeste leçon le moment venu. Ou n’égarât ses documents. Mais écartons mon côté râleur. Il ne fait pas froid, il ne pleut plus, nous avons bu suffisamment et les autres stations-debout nous répondent après nos questions “vous êtes là depuis longtemps?” et “Vous savez quand le bus doit (oui, oui, c’est une obligation) arriver?” par un soulageant “15 et 5 minutes”.
“Bon je vais prendre des bières au paki“, proclame-je
– C’est ça. Pour voir passer le bus pendant qu’on t’attend, s’exclament Ariane et Guéric
– Ben on boira une bière au Confrater alors! s’enflamme Guéric
– et on re-ratera le bus et on retournera au Confrater et on re-re-ratera le bus. Et pis Clouseau en loop song c’est moyen comme soirée de nouvel an”.
Les cinq minutes s’écoulent. Deuxième cigarette allumée et espérance que, vieille légende urbaine, dès la première bouffée expulsée, notre moyen de locomotion se dessine à la lueur orangée de l’éclairage public.
Troisième cigarette.
Quatrième cigarette.
Je me dis que j’aurais bien pu aller au paki et qu’il est encore temps. Que la STIB c’est un peu le Grouchy des temps modernes : la Gare se meurt et nous ne nous rendons pas, on fait du sur place
Cinquième cigarette.
On commence à penser que le Confrater, juste pour une bière, ce n’est pas une si mauvaise option.
Sixième cigarette. Un taxi à trois c’est pas si cher, finalement. Plusieurs sont déjà passés à vide. Il y a un espoir. Et précisément, il s’avance notre espoir. Oui, non ? Le temps de se poser la question est à peine entamé que deux ombres surgissent de la nuit (de l’autre côté du trottoir, si vous préférez. Du café juste à côté du paki où j’aurais volontiers été chercher trois canettes). Un alter bobo, jeans crade, sweat à capuche, crâne tondu et un punk à référence : Bérurier Noir sur le dos, façon Barbara. Il a sorti sa crête des grands jours et tout le bataclan. c’est tout dire, son blouson a l’air propre (mais un blouson noir dans le noir aussi…)
Et tous deux traversent en courant vers le tacard. Hein, quoi ! Un punk dans un taxi !? Alors que trams, bus, et métro quadrillent la ville (enfin toute la ville sauf notre arrêt)! Qu’un punk ça peut faire du stop, que de toute façon, ils sont tellement dans leur logique bovine qu’ils restent bien souvent là où ils sont pour boire leur bière. Un punk dans un taxi c’est aussi incongru qu’un taximan attendant de ramasser les clients devant le Magasin 4, leur demandant s’ils doivent aller à l’aéroport ou au Conrad*, s’ils ont des bagages en dehors de leur carapils** et “ne vous en faites pas pour le chien, il peut monter”.
Vu le spectacle, on a fonctionné un peu à l’inverse d’une détonation : d’abord soufflés et puis seulement explosifs. Et de commencer à les railler et les traiter de faux punks, de branleurs et que le punk est mort et que “ouais c’est ça retourne chez tes parents à Woluwe”, direction suivie par le sapin. Parce que “quand on veut être punk, il y a une étiquette à respecter, Monsieur!”
Et en fait, non c’est pas incongru un punk qui prend un taxi. C’est simplement impossible
Les punks, c’est 1977-1980. Après y a pu. FI-Ni. Ne reste que la queue de la comète et les fins de cannette. Déjà en 1979, Crass chantait Punk Is Dead.
Aaaaaaaah mais voilà un autre taxi. Ouf, pas de punk dedans. Juste un taximan encore plus barge comme vous le verrez dans le prochain épisode. Allez en route vers le Coaster.
* : j’aurais dit l’Amigo il y aurait eu ambiguïté sur la raison de la destination : hôtellière ou geôlière
** : oui, oui ça existe : http://www.myspace.com/carapils
Fatalement , je vous conseille d’écouter (c’est parfaitement audible) Crass et son album Stations of the Crass : Plus d’infos sur Crass lisibles sur wikipedia. Et tant qu’à faire allez, pourquoi pas, consulter la notice sur le punk ou allez voir un site un peu pris au hasard d’un fan de Crass (voilà : les anciens punks intelligents, maintenant ils font des sites internet hommage/ posthume, se lancent dans le webdesign et la réalisation de courts métrages avec des mini-dv)
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